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Chignole (la guerre aérienne) Marcel Nadaud
A Monsieur Georges Berthoulat,
qui a bien voulu être le parrain de «Chignole», en lui offrant les colonnes robustes de «La Liberté» pour étayer sa silhouette légère.
Avec toute ma reconnaissance.
M. N.
CHIGNOLE
DU MÊME AUTEUR
Coups de Griffes.... Pattes de Velours.
in 16 en couleurs.
(A l'Office Général d'Editions).
Tendresses.... Tristesses.
in 16 en couleurs.
(A l'Office Général d'Editions).
En plein vol. (30e mille)
Souvenirs de Guerre Aérienne
(Chez Hachette et Cie)
EN PRÉPARATION
Les Derniers Mousquetaires. Les Petites Ailées. Ma P'tite Femme.
Droits de traduction et de reproduction
réservés pour tous pays.
Copyright by Albin Michel, 1917.
Marcel NADAUD
LA GUERRE AÉRIENNE
CHIGNOLE
PARIS
ALBIN MICHEL, Éditeur
22, Rue Huyghens, 22
TABLE DES MATIÈRES
I CHIGNOLE SE PRÉSENTE. II CHIGNOLE A UNE IDÉE!... III CHIGNOLE SE DÉBROUILLE. IV CHIGNOLE A DIT: ÇA GAZE!... V CHIGNOLE FAIT DE LA PHOTO. VI CHIGNOLE ÉCRIT A SA MAMAN. VII CHIGNOLE ET BOUDOU BA DABOU. VIII CHIGNOLE, ROI DES HIBOUX. IX CHIGNOLE SAUVE SON PATRON. X CHIGNOLE VEUT UNE SAUCISSE. XI CHIGNOLE A PARIS. XII CHIGNOLE FAIT DE LA POLITIQUE. XIII CHIGNOLE RAMASSE UNE BUCHE. XIV CHIGNOLE SE CROIT A WATERLOO. XV CHIGNOLE A DU CHAGRIN. XVI CHIGNOLE A SON BOCHE. XVII CHIGNOLE REÇOIT DU MONDE. XVIII CHIGNOLE PREND UN BAIN. XIX CHIGNOLE FAIT UNE BÊTISE. XX CHIGNOLE S'EN VA. XXI CHIGNOLE ÉCRIT A VIEUX CHARLES. XXII CHIGNOLE DANS LA BIFFE. XXIII CHIGNOLE N'EST PLUS CHIGNOLE.
CHIGNOLE
I CHIGNOLE SE PRÉSENTE.
Au fond du parc, près de l'étang tranquille, je suis profondément occupé à donner la pâture aux carpes nonchalantes.
Leurs museaux viennent affleurer à la surface de la nappe, bleutée par le soleil de midi; l'eau se ride de plis minuscules qui se prolongeant jusqu'aux bords, caressent, avant de disparaître, des petites herbes frémissantes.
Je renais peu à peu à la vie; à cette résurrection, j'éprouve des joies de gamin.
Il semble que l'on fait la rééducation complète de ses sens.
L'aspect des choses sur lequel vous étiez blasé au point de l'indifférence la plus absolue vous paraît tout nouveau, tout neuf, et vous découvrez le monde avec de grands yeux éblouis.
Ah! la douceur de revivre, de sentir sa machine humaine fonctionner normalement, sans à coups, le plaisir de ne plus souffrir, la joie de respirer librement, sans contrainte physique, le bonheur d'être heureux parce qu'on a retrouvé son appétit, son sommeil, sa santé.
Finie, l'amertume des heures d'hôpital longues, longues comme une journée grise, où l'eau pleure sur les vitres; fini le désenchantement d'être un inutile, un impotent, un vidé , forme pâle dans les vêtements réglementaires, que soutiennent d'autres pâleurs. Je vais retourner au front, je suis guéri.
Ma cantine est déjà dans ma chambre, et je considère mes vêtements de travail , usagés, salis, quelque peu rapiécés, avec attendrissement.
Bonjour copains!... Camarades de misère, d'infortune et d'un tout petit peu de gloire, vieux habits déformés, limés aux entournures, défroques des randonnées d'hier, vous qui avez connu mes enthousiasmes et mes craintes, je vous reprends joyeusement car vous personnifiez le passé enfin retrouvé, la vie de là haut, la bataille en plein ciel, le frisson de l'aile.... Bonjour copains!...
..... Dans l'allée, un pas pressé, puis un cri bien connu de mes oreilles, sonore comme une fanfare, joyeux comme un cocorico... Continue reading book >>