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Consuelo, Tome 2 (1861) By: George Sand (1804-1876) |
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PAR GEORGE SAND TOME DEUXIÈME 1856 XL. Cependant, en se voyant surveillée par Wenceslawa comme elle ne l'avait jamais été, Consuelo craignit d'être contrariée par un zèle malentendu, et se composa un maintien plus froid, grâce auquel il lui fut possible, dans la journées, d'échapper à son attention, et de prendre, d'un pied léger, la route du Schreckenstein. Elle n'avait pas d'autre idée dans ce moment que de rencontrer Zdenko, de l'amener à une explication, et de savoir définitivement s'il voulait la conduire auprès d'Albert. Elle le trouva assez près du château, sur le sentier qui menait au Schreckenstein. Il semblait venir à sa rencontre, et lui adressa la parole en bohémien avec beaucoup de volubilité. «Hélas! je ne te comprends pas, lui dit Consuelo lorsqu'elle put placer un mot; je sais à peine l'allemand, cette dure langue que tu hais comme l'esclavage et qui est triste pour moi comme l'exil. Mais, puisque nous ne pouvons nous entendre autrement, consens à la parler avec moi; nous la parlons aussi mal l'un que l'autre: je te promets d'apprendre le bohémien, si tu veux me l'enseigner.» A ces paroles qui lui étaient sympathiques, Zdenko devint sérieux, et tendant à Consuelo une main sèche et calleuse qu'elle n'hésita point à serrer dans la sienne: «Bonne fille de Dieu, lui dit il en allemand, je t'apprendrai ma langue et toutes mes chansons. Laquelle veux tu que je te dise pour commencer?» Consuelo pensa devoir se prêter à sa fantaisie en se servant des mêmes figures pour l'interroger. «Je veux que tu me chantes, lui dit elle, la ballade du comte Albert. Il y a, répondit il, plus de deux cent mille ballades sur mon frère Albert. Je ne puis pas te les apprendre; tu ne les comprendrais pas. J'en fais tous les jours de nouvelles, qui ne ressemblent jamais aux anciennes. Demande moi toute autre chose. Pourquoi ne te comprendrais je pas? Je suis la consolation. Je me nomme Consuelo pour toi, entends tu? et pour le comte Albert qui seul ici me connaît. Toi, Consuelo? dit Zdenko avec un rire moqueur. Oh! tu ne sais ce que tu dis. La délivrance est enchaînée.... Je sais cela. La consolation est impitoyable . Mais toi, tu ne sais rien, Zdenko. La délivrance a rompu ses chaînes, la consolation a brisé ses fers. Mensonge, mensonge! folies, paroles allemandes! reprit Zdenko en réprimant ses rires et ses gambades. Tu ne sais pas chanter. Si fait, je sais chanter, repartit Consuelo. Tiens, écoute.» Et elle lui chanta la première phrase de sa chanson sur les trois montagnes, qu'elle avait bien retenue, avec les paroles qu'Amélie l'avait aidée à retrouver et à prononcer. Zdenko l'écouta avec ravissement, et lui dit en soupirant: «Je t'aime beaucoup, ma soeur, beaucoup, beaucoup! Veux tu que je t'apprenne une autre chanson? Oui, celle du comte Albert, en allemand d'abord; tu me l'apprendras après en bohémien. Comment commence t elle?» dit Zdenko en la regardant avec malice. Consuelo commença l'air de la chanson de la veille: « Il y a là bas, là bas, une âme en travail et en peine.... » «Oh! celle là est d'hier; je ne la sais plus aujourd'hui, dit Zdenko en l'interrompant. Eh bien! dis moi celle d'aujourd'hui. Les premiers mots? Il faut me dire les premiers mots. Les premiers mots! les voici, tiens: Le comte Albert est là bas, là bas dans la grotte de Schreckenstein....» A peine eut elle prononcé ces paroles que Zdenko changea tout à coup de visage et d'attitude; ses yeux brillèrent d'indignation. Il fit trois pas en arrière, éleva ses mains au dessus de sa tête, comme pour maudire Consuelo, et se mit à lui parler bohémien dans toute l'énergie de la colère et de la menace. Effrayée d'abord, mais voyant qu'il s'éloignait, Consuelo voulut le rappeler et le suivre. Il se retourna avec fureur, et, ramassant une énorme pierre qu'il parut soulever sans effort avec ses bras maigres et débiles: «Zdenko n'a jamais fait de mal à personne, s'écria t il en allemand; Zdenko ne voudrait pas briser l'aile d'une pauvre mouche, et si un petit enfant voulait le tuer, il se laisserait tuer par un petit enfant... Continue reading book >>
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