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La Maison By: Henry Bordeaux (1870-1963) |
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Henry Bordeaux.
eorum memoriae qui domum et aedificaverunt et salvam servaverunt
sacrum LIVRE PREMIER I LE ROYAUME Où vas tu? A la maison. Ainsi répondent les petits garçons et les petites filles qu'on
rencontre sur les chemins, sortant de l'école ou revenant des champs.
Ils ont des yeux clairs et luisants comme l'herbe après la pluie, et
leur parole, s'ils ne sont pas effarouchés, pousse toute droite, à la
manière des plantes qui disposent de l'espace et ne sont pas gênées
dans leur croissance. Où vas tu? Ils ne disent pas «Nous rentrons chez nous.» Et pas davantage «Nous
allons à notre maison.» Ils disent la maison. Quelquefois, c'est une
mauvaise bicoque à moitié par terre. Mais tout de même c'est la
maison. Il n'y en a qu'une au monde. Plus tard, il y en aura d'autres,
et encore n'est ce pas bien sûr. Et même de jeunes hommes et de jeunes femmes, et des personnes d'âge,
et des gens mariés, s'il vous plaît, se servent encore de cette
expression. A la maison, on faisait comme ci, à la maison, il y avait
cela. On croirait qu'ils désignent leur propre foyer. Pas du tout:
ils parlent de la maison de leur enfance, de la maison de leurs père
et mère qu'ils n'ont pas toujours su garder ou dont ils ont changé les
habitudes, et c'est tout comme, mais qui est immuable dans leur
souvenir. Vous voyez bien qu'il n'y en a pas deux... J'étais alors un collégien, oh! rien qu'un débutant de collège, sept
ou huit ans peut être, sept ou huit ans je crois. Et je disais la
maison, comme on dit au lieu de la France la patrie. Cependant je
n'ignorais pas qu'on lui donnait d'autres noms qui pouvaient retentir
avec un son plus riche aux oreilles d'un enfant. Une nourrice
italienne, engagée pour le dernier né, l'appelait il palazzio, en
arrondissant la bouche sur le second a pour susurrer ensuite avec une
douceur mourante la dernière syllabe. Le fermier qui apportait le
cens, ou seulement un acompte, ou seulement quelque volaille pour
inviter le maître à être patient, prononçait le château, avec
plusieurs accents circonflexes. Une dame, venue en visite, et qui
était de Paris, on reconnaissait bien qu'elle était de Paris au
face à main dont elle se servait, avait solennellement proclamé
votre hôtel. Et pendant la crise que je raconterai, quand on suspendit
à la grille un écriteau déshonorant, on pouvait lire sur l'inscription
Villa à vendre. Villa, hôtel, château, palais, comme tous ces termes
majestueux, malgré leur prestige, sont incolores! A quoi bon
emberlificoter la vérité? La maison, cela suffit. La maison, cela dit
tout. Elle vit toujours: elle en a une longue habitude. Vous n'auriez pas
de peine à la trouver: dans tout le pays on l'appelle la maison
Rambert, parce que notre famille l'a toujours habitée. Et même on l'a
réparée avec soin, avec trop de soin, de la cave au grenier, rajustée
et rafistolée, recrépie et revernie à l'intérieur et à l'extérieur.
Sans doute on ne peut pas les laisser éternellement s'effriter, et la
vétusté des habitations ne se revêt de poésie que pour les visiteurs
de passage. Le train ordinaire des jours a ses exigences. Mais on ne
tient guère à la jeunesse de sa maison, pas plus, en somme, qu'on ne
tient à celle de ses parents. Jeunes, ils sont moins à nous, ils sont
encore à eux mêmes, ils ont droit à une existence particulière, tandis
que, plus tard, notre vie est leur vie, et c'est tout ce que nous
demandons, car nous ne sommes pas difficiles. Avant qu'on ne l'eût restaurée, je l'ai montrée à une dame, à une dame
de Paris comme celle du face à main. Il est probable, il est
vraisemblable, il est certain que je la lui avais excessivement
vantée. Ni les accents circonflexes du fermier, ni l'éclat et la
douceur mourante de la nourrice italienne n'avaient dû manquer à ma
description. Elle pouvait s'attendre à Versailles ou tout au moins à
Chantilly. Or, quand je la conduisis, dûment stylée, exaltée et mise
au point, devant l'immeuble incomparable, elle osa me demander sur un
ton de surprise «Est ce bien ça?» Je compris son désappointement... Continue reading book >>
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