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Le dernier chevalier By: Paul Féval (1817-1887) |
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PAUL FÉVAL LE DERNIER
CHEVALIER SEULE ÉDITION REVUE ET CORRIGÉE
ALBIN MICHEL, ÉDITEUR PARIS 22, RUE HUYGHENS, 22 PARIS
LE DERNIER CHEVALIER
I M. JOSEPH ET M. NICOLAS
Le roi était malade un peu; Mme la marquise de Pompadour avait «ses
vapeurs», cette migraine du XVIIIe siècle dont on s'est tant moqué et
que nous avons remplacée par la névralgie, les médecins, pour leur
commerce, étant obligés, comme les tailleurs, de trouver sans cesse des
noms nouveaux aux vieilles choses. Sans cela, à quoi leur servirait le
grec de cuisine qui les gonfle? M. le maréchal de Richelieu, toujours jeune, malgré ses 62 ans bien
sonnés, se trouvait incommodé légèrement d'un rhume de cerveau, gagné
l'année précédente dans le Hanovre, lors de la signature du traité de
Kloster Seven, qui sauva l'Angleterre, rétablit les affaires de la
Prusse et commença la ruine de la France. Quel joli homme c'était, ce
maréchal! Et que d'esprit il avait! M. de Voltaire, qui ne l'aimait pas
tous les jours, disait de lui: «C'est de la quintessence de Français!» Bon M. de Voltaire! Il ne
flattait jamais que nos ennemis. Si vous me demandez comment le rhume de cerveau du maréchal durait
depuis tant de mois, je vous répondrai par ce qui se chantait dans
Paris: Armand acheta sa pelisse,
(Dieu vous bénisse!)
Avec l'argent
De Cumberland... Et encore: Armand, pour payer le maçon,
Godille frétille, pompon,
Se fût trouvé bien pauvre,
Pompon, frétillon,
Sans la pêche de ce poisson
Qu'il prit dans le Hanovre... Vous le connaissez bien, le délicieux coin de rue qui sourit sur notre
boulevard, et qui porte encore le nom de «Pavillon de Hanovre». Ce nom
fut la seule vengeance de la France contre le général d'armée philosophe
qui, vainqueur et tenant le sort de l'Europe dans sa main frivole, avait
pris la plume au lieu de l'épée et signé un reçu au lieu de livrer une
bataille. Mais que d'esprit et quel joli homme! Le pavillon de Hanovre coûta deux
millions. La France en «faillit crever», selon l'expression un peu crue
de l'abbé Terray; mais Armand, le cher Armand vécut jusqu'à cent ans,
toujours galant, toujours guilleret, de plus en plus philosophe et, pour
employer son style troubadour, «n'ayant pas encore renoncé à plaire». Il
était né coiffé. Il mourut la veille même de la révolution, qui l'aurait
gêné dans ses habitudes, et Beaumarchais dit de lui ce mot, qui ne fut
pas trouvé cruel: «Fleur de décrépitude!» Mais ce n'était pas seulement ce pauvre roi Louis XV, Jeanne Antoinette
Poisson, marquise de Pompadour et Armand du Plessis, le maréchal duc de
Richelieu qui ne battaient que d'une aile, le dauphin, père de Louis
XVI, veillait, malade qu'il était déjà lui même, auprès du berceau de
son troisième fils, le comte d'Artois, depuis Charles X, condamné par
les médecins. Sa femme, Marie Josèphe de Saxe, ne devinait certes pas
encore les angoisses de son prochain veuvage ni les soupçons sinistres
qui devaient entourer sa propre agonie; mais elle avait la crainte
instinctive, j'allais dire le pressentiment du poison, car elle fit
visiter en secret le comte d'Artois par la Breuille, médecin de Mme
Adélaïde, pour s'assurer qu'il n'était pas empoisonné. M. de Bernis faisait ses malles de premier ministre partant, supplanté
qu'il était par son protégé, M. de Choiseul Stainville, partisan de la
guerre à outrance, destiné à conclure une désastreuse paix. M. de Bernis
savait chanter le champagne et l'amour; ses oeuvres éclaboussent
souvent sa robe. Quoiqu'il prît sa retraite le sourire aux lèvres, vous
ne pouvez pas le supposer content. Les parlements, corps respectables, grondaient, remontraient,
résistaient, travaillant de tout leur coeur à la révolution qui allait
leur couper la tête; les philosophes donnaient des coups d'épingle à
l'immensité de Dieu; les poètes faisaient de lamentables tragédies ou de
petits vers honteux; Voltaire, qui, par le miracle de la bêtise humaine,
est resté l'idole des «patriotes», déchirait sa patrie dans les billets
doux qu'il écrivait au Prussien et crachait sur la religion avant de lui
demander grâce par devant notaire; le clergé lui même se compromettait
çà et là par son relâchement ou par sa rigueur; la compagnie de Jésus,
sapée par Judas franc maçon ou janséniste, tremblait sur la base énorme
de sa puissance; le commerce était ruiné par la piraterie anglaise; la
cour s'ennuyait, rassasiée de plaisirs; les campagnes avaient faim, et
la ville... Continue reading book >>
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