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Le passage suivi de Transfiguration (Nouvelle)   By: (1876-1960)

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First Page:

Sibilla Aleramo

LE PASSAGE

suivi de

TRANSFIGURATION (Nouvelle)

Traduit de l'Italien par Pierre Paul Plan

LE PASSAGE

Tout sera transformé en quelque chose de riche et d'étrange. Shakespeare.

TABLE

LE PASSAGE

Le Silence Les Ailes La Lettre La Foi Le Nom Le Péché Les Caravanes La Fable Les Yeux héroïques Les Nuits La Poésie

TRANSFIGURATION

LE SILENCE

Le silence attend. Le silence, la plus fidèle chose qui m'ait enlacée dans la vie.

Plus grand que moi, au fur et à mesure de ma croissance, il croissait, lui aussi, semblait toujours vouloir m'écouter; nous nous taisions ensemble, et je me retrouvais toujours la même entre ses bras, sans stature, sans âge, créée par le silence même, peut être par un sien désir immuable, ou peut être non encore née, larve qu'il protégeait.

Une fois encore, je suis seule, je suis loin, et autour de moi tout se tait.

Loin est qui m'aime, qui peut être, cette nuit, est sur le point de disparaître et me bénit, ayant cru en moi. Loin, ceux que j'ai fait souffrir et ceux qui m'ont fait souffrir, ceux qui voudraient m'oublier et ne savent pas qu'ils ne m'ont pas encore connue. Et il y a des coins où je ne suis pas attendue, et où sont et palpitent d'autres tourbillons de lumière et d'ombre. Le silence les encercle en vain.

Sur les eaux tranquilles, là bas à travers les joncs, les étoiles reposent.

Pourquoi dois je te céder, ô mon fidèle?

Toi qui, de mes inutiles questions si répétées à travers mes sanglots, faisais dans mon coeur d'inattendus frissons de mélodie, quand je regardais fixement jusqu'à la torture des formes dociles et inconscientes d'elles mêmes, quelque tison se consumant, quelque branche secouée par le vent, un bout de mur blanc ou une allégorie de voiles, ailes sur la mer...

Je suis seule, nul souffle que le mien n'agite la flamme de cette petite lampe.

Dehors, dans l'obscurité, quelque chose s'efface, meurt petit à petit.

Egalement éloignées de moi la mort et la vie, si enfin je parle.

Mais comme si cette heure, toutefois, était ma dernière heure.

Comme si je ne devais jamais plus me retrouver neuve sous la caresse de l'air.

C'est notre heure, ô mon fidèle, heure immobile, comme les eaux, là bas, à travers les joncs où les étoiles reposent.

LES AILES

Je prends ma force et je prends ma peine et mon anxiété.

Qui m'a fait si forte?

Si longtemps, j'ai cru que c'était un miracle; je savais avoir en moi des éléments en guerre: la douceur de ma mère et la violence de mon père, la craintive mélancolie de l'une et la rebelle hardiesse de l'autre, le désir de chanter à voix basse pour moi seule, et celui d'agir au milieu du monde, instinct de soumission et instinct de conquête, en opposition perpétuelle: dans tout cela, je ne voyais que raisons de faiblesse. Mes parents se sont trompés en s'unissant, me disais je, la cause du mal que je porte en moi sans remède est dans la diversité de leurs tempéraments. Et si, malgré le mal, il y a en moi tant d'incroyable valeur, me disais je, il s'agit là d'un prodige qu'il est vain de sonder.

Mais tout récemment, une nuit que je veillais après je ne sais combien d'autres, en une chambre où montait le rythme dur d'un fleuve débordé, et qu'en mon insomnie, couchée immobile, je regardais fixement le fantôme d'un long supplice d'où je m'arrachais alors avec une plus grande impulsion de vie, soudain, une pensée, qui était en même temps une certitude, passa devant moi comme un éclair, dans les ténèbres. Pensée ou idée, je ne sais. Je ne sais si les noms dont je me sers pour toutes les choses dont je parle sont leurs noms vrais. Ils ont été créés par d'autres, tous les noms, pour toujours. Mais ce qui importe n'est pas de nommer, c'est de montrer les choses. Cette nuit là, comme j'écoutais la voix du fleuve gronder durement sous les arches du pont et contemplais dans mon coeur une douleur déjà indurée, déjà prête à devenir pierre, je me surpris à songer à ce qui avait uni mon père et ma mère, à leur amour... Continue reading book >>




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