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Les vivants et les morts   By: (1876-1933)

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COMTESSE DE NOAILLES

LES VIVANTS ET LES MORTS

«L'âme des poètes lyriques fait réellement ce qu'ils se vantent de faire.»

Platon.

PARIS

DU MÊME AUTEUR

POESIES

LE COEUR INNOMBRABLE (Ouvrage couronné par l'Académie française.) 1 vol.

L'OMBRE DES JOURS 1 vol.

LES EBLOUISSEMENTS 1 Vol.

ROMANS

LA NOUVELLE ESPERANCE 1 vol.

LE VISAGE EMERVEILLE 1 vol.

LA DOMINATION 1 vol.

COMTESSE DE NOAILLES

LES VIVANTS ET LES MORTS

«L'âme des poètes lyriques fait réellement ce qu'ils se vantent de faire.»

PLATON.

PARIS

ARTHÈME FAYARD & Cie, EDITEURS 18 20, rue du Saint Gothard, 18 20

A MA MÈRE

I

LES PASSIONS

EUPHORION. Je ne veux pas plus longtemps tenir à terre; laissez mes mains, laissez mes boucles, laissez donc mes vêtements, ils sont à moi...

HELÈNE ET FAUST. O pétulance! ô délire! On dirait un cor qui sonne sur la vallée et sur le bois. A peine un jour serein donné tu tends à t'élancer, du point où le vertige t'a pris, dans un espace plein de douleurs...

Goethe.

TU VIS, JE BOIS L'AZUR...

Tu vis, je bois l'azur qu'épanche ton visage, Ton rire me nourrit comme d'un blé plus fin, Je ne sais pas le jour, où, moins sûr et moins sage, Tu me feras mourir de faim.

Solitaire, nomade et toujours étonnée, Je n'ai pas d'avenir et je n'ai pas de toit, J'ai peur de la maison, de l'heure et de l'année Où je devrai souffrir de toi.

Même quand je te vois dans l'air qui m'environne, Quand tu sembles meilleur que mon coeur ne rêva, Quelque chose de toi sans cesse m'abandonne, Car rien qu'en vivant tu t'en vas.

Tu t'en vas, et je suis comme ces chiens farouches Qui, le front sur le sable où luit un soleil blanc, Cherchent à retenir dans leur errante bouche L'ombre d'un papillon volant.

Tu t'en vas, cher navire, et la mer qui te berce Te vante de lointains et plus brûlants transports. Pourtant, la cargaison du monde se déverse Dans mon vaste et tranquille port.

Ne bouge plus, ton souffle impatient, tes gestes Ressemblent à la source écartant les roseaux. Tout est aride et nu hors de mon âme, reste Dans l'ouragan de mon repos!

Quel voyage vaudrait ce que mes yeux t'apprennent, Quand mes regards joyeux font jaillir dans les tiens Les soirs de Galata, les forêts des Ardennes, Les lotus des fleuves indiens?

Hélas! quand ton élan, quand ton départ m'oppresse, Quand je ne peux t'avoir dans l'espace où tu cours, Je songe à la terrible et funèbre paresse Qui viendra t'engourdir un jour.

Toi si gai, si content, si rapide et si brave, Qui règnes sur l'espoir ainsi qu'un conquérant, Tu rejoindras aussi ce grand peuple d'esclaves Qui gît, muet et tolérant.

Je le vois comme un point délicat et solide Par delà les instants, les horizons, les eaux, Isolé, fascinant comme les Pyramides, Ton étroit et fixe tombeau;

Et je regarde avec une affreuse tristesse, Au bout d'un avenir que je ne verrai pas, Ce mur qui te résiste et ce lieu où tu cesses, Ce lit où s'arrêtent tes pas!

Tu seras mort, ainsi que David, qu'Alexandre, Mort comme le Thébain lançant ses javelots, Comme ce danseur grec dont j'ai pesé la cendre Dans un musée, au bord des flots.

J'ai vu sous le soleil d'un antique rivage Qui subit la chaleur comme un céleste affront, Des squelettes légers au fond des sarcophages, Et j'ai touché leurs faibles fronts.

Et je savais que moi, qui contemplais ces restes, J'étais déjà ce mort, mais encor palpitant, Car de ces ossements à mon corps tendre et preste Il faut le cours d'un peu de temps...

Je l'accepte pour moi ce sort si noir, si rude, Je veux être ces yeux que l'infini creusait; Mais, palmier de ma joie et de ma solitude, Vous avec qui je me taisais,

Vous à qui j'ai donné, sans même vous le dire, Comme un prince remet son épée au vainqueur, La grâce de régner sur le mystique empire Où, comme un Nil, s'épand mon coeur,

Vous en qui, flot mouvant, j'ai brisé tout ensemble, Mes rêves, mes défauts, ma peine et ma gaîté, Comme un palais debout qui se défait et tremble Au miroir d'un lac agité,

Faut il que vous aussi, le Destin vous enrôle Dans cette armée en proie aux livides torpeurs, Et que, réduit, le cou rentré dans les épaules, Vous ayez l'aspect de la peur?

Que plus froid que le froid, sans regard, sans oreille, Germe qui se rendort dans l'oeuf universel, Vous soyez cette cire âcre, dont les abeilles Ecartent leur vol fraternel!

N'est il pas suffisant que déjà moi je parte, Que j'aille me mêler aux fantômes hagards, Moi qui, plus qu'Andromaque et qu'Hélène de Sparte, Ai vu guerroyer des regards?

Mon enfant, je me hais, je méprise mon âme, Ce détestable orgueil qu'ont les filles des rois, Puisque je ne peux pas être un rempart de flamme Entre la triste mort et toi!

Mais puisque tout survit, que rien de nous ne passe, Je songe, sous les cieux où la nuit va venir, A cette éternité du temps et de l'espace Dont tu ne pourras pas sortir... Continue reading book >>




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