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Lucrezia Floriani By: George Sand (1804-1876) |
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ÉDITION J. HETZEL
LIBRAIRIE MARESCO ET Cie 6, RUE DU PONT DE LODI [Illustration] LUCREZIA FLORIANI
NOTICE
Je n'ai point à dire ici sous l'empire de quelles idées littéraires j'ai
écrit ce roman, puisqu'il est accompagné d'une préface qui résume mes
opinions d'alors, et que ces opinions n'ont pas changé. Mais je tiens à
bien dire ce que j'ai seulement indiqué dans cette préface à l'égard
des productions contemporaines dont j'ai critiqué la forme et rejeté
l'exemple. Ce n'est point par fausse modestie, encore moins par pusillanimité de
caractère, que je déclare aimer beaucoup les événements romanesques,
l'imprévu, l'intrigue, l' action dans le roman. Pour le roman comme
pour le théâtre, je voudrais que l'on trouvât le moyen d'allier le
mouvement dramatique à l'analyse vraie des caractères et des sentiments
humains. Sans vouloir faire ici la critique ni l'éloge de personne,
je dis que ce problème n'est encore résolu d'une manière générale et
absolue, ni pour le roman, ni pour le théâtre. Depuis vingt ans, on
flotte entre les deux extrêmes, et, pour ma part, aimant les émotions
fortes dans la fiction, j'ai marché cependant dans l'extrême opposé,
non point tant par goût que par conscience, parce que je voyais ce côté
négligé et abandonné par la mode. J'ai fait tous mes efforts, sans
m'exagérer leur faiblesse ni leur importance, pour retenir la
littérature de mon temps dans un chemin praticable entre le lac paisible
et le torrent fougueux. Mon instinct m'eût poussé vers les abîmes, je
le sens encore à l'intérêt et à l'avidité irréfléchie avec lesquels mes
yeux et mes oreilles cherchent le drame; mais quand je me retrouve avec
ma pensée apaisée et rassasiée, je fais comme tous les lecteurs, comme
tous les spectateurs, je reviens sur ce que j'ai vu et entendu, et je me
demande le pourquoi et le comment de l'action qui m'a ému et emporté. Je
m'aperçois alors des brusques invraisemblances ou des mauvaises raisons
de ces faits que le torrent de l'imagination a poussés devant lui, au
mépris des obstacles de la raison ou de la vérité morale, et de là le
mouvement rétrograde qui me repousse, comme tant d'autres, vers le lac
uni et monotone de l'analyse. Pourtant, je ne voudrais pas voir la génération à laquelle j'appartiens
s'oublier trop longtemps sur ces eaux dormantes et méconnaître le
progrès qui l'appelle sans cesse vers des horizons nouveaux. Lucrezia
Floriani, ce livre tout d'analyse et de méditation, n'est donc qu'une
protestation relative contre l'abus de ces formes à la mode d'alors,
véritables machines à surprises, dont il me semblait voir le public
confondre avec peu de discernement les qualités et les défauts. Dirai je maintenant un mot sur mon oeuvre même, non pas quant à
la forme, qui a tous les défauts (acceptés d'avance) que mon plan
comportait, mais quant au fond, cette inaliénable question de liberté
intellectuelle que chaque lecteur s'est toujours arrogé et s'arrogera
toujours le droit de contester? Je ne demande pas mieux. Victor Hugo,
déniant au public, dans la préface des Orientales , le droit d'adresser
au poëte son insolent pourquoi , et décrétant qu'en fait de choix dans
le sujet, l'auteur ne relevait que de lui même, avait certainement
raison devant la puissance surhumaine qui envoie au poëte l'inspiration,
sans consulter le goût, les habitudes ou les opinions du siècle. Mais le
public ne se rend pas à de si hautes considérations; il va son train, et
continue à dire aux grands comme aux petits: Pourquoi nous servez vous
ce mets? De quoi se compose t il? Où l'avez vous pris? Avec quoi est il
assaisonné? etc., etc. De telles questions sont assez oiseuses, et surtout elles sont
embarrassantes; car cet instinct qui porte un écrivain à choisir
aujourd'hui tel ou tel sujet qui ne l'eût peut être pas frappé hier, est
insaisissable de sa nature. Et si l'on y répondait ingénument, le public
serait il beaucoup plus avancé? Si je vous disais, par exemple, ce qu'un très grand poëte me disait un
jour, sans aucune affectation, et même avec une naïveté enjouée: à toute
heure, mille sujets flottent et se succèdent dans ma cervelle: tous me
plaisent un instant, mais je ne m'y arrête point, sachant que celui
que je suis capable de traiter m'empoignera d'une manière toute
particulière et me fera sentir son autorité sur ma volonté par des
signes irrécusables? Quels sont ils? lui demandai je, vivement
intéressé... Continue reading book >>
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