NOTE SUR LA TRANSCRIPTION: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe a été harmonisée. Marquage: [i]: illustration _mots en italique_ MÉMOIRE DE M. DE PARAVEY, SUR L'ORIGINE DES PEUPLES DU PLATEAU DE BOGOTA. [Illustration: DESSIN DE DIVINITÉ JAPONAISE.] _Extrait de l'Ouvrage de_ FISSCHER, Matériaux pour servir à l'Histoire du Japon _(en Hollandais) Amsterdam 1833.--Comparer ce Dessin avec le_ Calendrier Aztèque _publié par Mr. de Humboldt, et inséré dans le no 41, tom: VII p. 395 des Annales, et avec les_ Figures mexicaines au corps écrasé, _publiées dans le no 55, tom: X p. 52._] MÉMOIRE SUR L'ORIGINE JAPONAISE, ARABE ET BASQUE DE LA CIVILISATION DES PEUPLES DU PLATEAU DE BOGOTA, D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENS DE MM. DE HUMBOLDT ET SIÉBOLD. PAR M. DE PARAVEY. PARIS, DONDEY-DUPRÉ, LIBRAIRE, RUE VIVIENNE, No 2. THÉOPHILE BARROIS, RUE DE RICHELIEU, No 14. 1835. ÉPERNAY, IMPRIM. DE WARIN-THIERRY ET FILS. ORIGINE JAPONAISE, ARABE ET BASQUE DE LA CIVILISATION DES PEUPLES DU PLATEAU DE BOGOTA, DANS L'AMÉRIQUE DU SUD. Extrait du No 56 des _Annales de Philosophie chrétienne_. Etat de la question sur les travaux de MM. _Siébold_ et _de Paravey_, relatifs à l'origine japonaise des Muyscas.--Réfutation de MM. Klaproth, Saint-Martin et Eyriès.--Traces de colonies sabéennes, phéniciennes, arabes et égyptiennes dans le _Fo-Kien_, chez les Japonais, les Basques et les Muyscas.--Analogies positives entre les noms de nombre,--les noms de jours,--de dignités civiles et sacrées,--les noms de lieux,--les formes du culte, et les termes astronomiques, chez ces divers peuples.--Tableau des mots japonais retrouvés dans le pays de Bogota, chez les Muyscas.--Quelques idées sur la manière dont l'Amérique a pu recevoir sa civilisation du centre de l'Asie et par l'ouest, et sur les variétés qu'offrent les races d'hommes que l'on y trouve. Nous recevons de M. de Paravey le _Mémoire_ suivant, que nous publions avec plaisir, parce qu'il s'agit d'une question obscure, difficile, et que peu de savans ont encore essayé d'éclaircir. Nous recommandons aux réflexions et aux études de nos lecteurs, les vues nouvelles que ce _Mémoire_ jette sur les premières communications entre les peuples les plus éloignés; tout ce qui tend à éclaircir les nuages amoncelés sur l'enfance des peuples, tourne à l'avantage de nos livres, et doit être reçu par les catholiques avec une sorte de respect. * * * * * Les _Annales de Philosophie Chrétienne_ ont déjà publié[1], ainsi que plusieurs autres recueils périodiques, une note assez concise, lue par M. de Paravey, en 1829, à la _Société Asiatique_ de France. Dans cette note, M. de Paravey s'attachait à réfuter un rapport de MM. _de Saint Martin_, _Klaproth_ et _Eyriès_[2], où l'on prétendait nier les analogies incontestables qui existent entre les _Japonais_ et les peuples du plateau de _Cundin-Amarca_ ou de _Bogota_, dans l'Amérique du sud[3]. Ces analogies avaient été établies en premier lieu par l'illustre M. de Humboldt[4]; elles avaient été résumées et admises par le judicieux Maltebrun, dans son excellent _Précis de géographie universelle_[5], où il donne une analyse rapide, mais parfaite, du chapitre consacré par M. de Humboldt à cet important sujet; enfin dès 1826, M. de Paravey, étudiant la nature intime des cycles des dix jours et des douze heures et du cycle multiple de soixante ans, qui se forme de la combinaison, deux à deux, des caractères de ces dix jours et de ces douze heures, avait ajouté à ces analogies[6] de nouveaux détails positifs, confirmant tous les aperçus de M. de Humboldt; et dans les noms des jours Muyscas, _Ata_, _Bosa_, _Mica_, _Mhuyca_, _Hisca_, avait trouvé non-seulement les idées qu'offrent les caractères du cycle de douze en chinois, mais encore des débris de l'alphabet primitif, donnant les chiffres orientaux, A, B, C, D, He. Tous ces travaux pouvaient être ignorés des membres de la commission du Journal asiatique; mais quand M. Siébold, de Nangasaki même, au Japon, où il avait été envoyé par M. le baron Van der Capellen, gouverneur de Java, prenait la peine d'adresser, _au jardin des plantes, à Paris_, un nombre assez considérable de graines rares ou inconnues, avec leurs noms japonais; quand cet étranger envoyait en même tems à la _Société Asiatique de France_, un mémoire important, où il discutait l'origine des Japonais, où il donnait des détails entièrement nouveaux sur la _Corée_, l'_île Ieso_, les _îles Kouriles_, et ce vaste pays de _Santan_, qui, au sud de l'_Amour-Inférieur_, borde la _Manche de Tartarie_, et que les meilleures cartes ne montrent, ni sous son nom véritable, ni dans ses divisions actuelles; quand il y faisait voir que le cycle des dix jours des _Muyscas de Bogota_, se trouvait, avec la plupart de ses prononciations et sa terminaison en _ca_ ou _ka_, encore usité en ce moment au Japon pour la période de dix jours; quand enfin il demandait que ce mémoire, si important et si précieux, par le lieu même où il avait été composé, et qui heureusement vient enfin d'être imprimé, mais en allemand, fût inséré dans le _Journal de la Société Asiatique_ de France, il semble qu'il devait s'attendre, dans ce journal, à autre chose qu'à une réfutation mal fondée. En effet, comment qualifier autrement une réfutation, où l'on se permet de traiter le savant et judicieux Maltebrun, de _compilateur_; où l'on reproche[7] à ce dernier d'avoir, p. 212, t. V de son excellent _Précis_, discuté la marche des tribus asiatiques de race mongole, du nord de la Perse vers l'Amérique, marche admise cependant par M. de Humboldt, et où l'on finit par conclure, p. 405, «_que la méthode suivie par l'auteur est en général trop hypothétique, pour que la Société Asiatique puisse publier son travail, qui y imprimerait, pour ainsi dire, le sceau de son approbation_.» Ce fut spécialement contre ces conclusions que M. de Paravey vint s'élever dans la lettre qu'il lut à la _Société Asiatique_, un peu avant son départ pour Londres, en 1830; il s'attachait dans cette lettre, à l'origine japonaise des _Muyscas_, niée par MM. Klaproth, Saint Martin et Eyriès. Il prenait les vingt-trois mots _muyscas_ cités par M. Klaproth[8], et il les montrait, soit dans le vocabulaire de _Thunberg_ pour le japonais, soit dans la grammaire japonaise du père Rodriguez[9]. Enfin, il donnait sur une feuille _très-peu étendue_, les caractères cursifs et hiéroglyphiques du calendrier des Muyscas, publié par M. de Humboldt, caractères montrés à des savans japonais, à _Nangasaki_ même, par M. Siébold, et reconnus par eux comme identiques avec leur écriture cursive. M. de Paravey comparait un à un, à ces caractères _muyscas_, les formes cursives des caractères _chinois_ et _japonais_ du cycle des heures, et montrait entr'eux une identité d'autant plus évidente, qu'en _Chine_ et au Japon, un même caractère s'abrévie par fois de dix manières diverses, quand on le trace dans la forme cursive ou à _pinceau non-levé_. Il semblait que ce travail de M. de Paravey aurait pu être admis dans le journal qu'il a contribué à fonder; mais cette même commission, qui avait écarté les travaux de M. Siébold, écarta les réclamations et le travail de M. de Paravey, sous le prétexte futile, _puisque la lithographie existait_, que l'imprimerie royale ne possédait pas les caractères cursifs, soit _muyscas_, soit _japonais_, dont il offrait le tableau comparatif. Mais du moins la lecture de ce travail avait été permise. Dans le moment même, le savant consul américain, M. Warden, en adressa ses félicitations à l'auteur; divers recueils périodiques sollicitaient la permission de l'imprimer; et la courte analyse que leur en donna M. de Paravey, fut jugée assez importante à la _Société Royale Asiatique de Londres_, à laquelle il en fit hommage en arrivant en Angleterre, pour être citée avec tous les beaux ouvrages que possède sa riche bibliothèque orientale, dans son catalogue imprimé de 1830. L'illustre et magnifique auteur[10] de l'ouvrage sur l'Amérique, comparable à celui de la grande expédition d'Egypte, dont le peintre _Aglio_ a été l'habile éditeur, et qui offre dans sept grands volumes in-folio, tous les manuscrits aztèques et autres, et tous les monumens connus de l'Amérique ancienne, ayant lu cette notice de M. de Paravey, la lui fit demander par son libraire, M. Rich, si instruit lui-même sur l'Amérique antique et moderne. Enfin, divers journaux de Londres en parlèrent, et la citèrent en totalité ou en partie. Cependant cette notice était fort incomplète, privée qu'elle était encore de ses pièces justificatives, qui sont les listes des mots _muyscas_ et _japonais_, retrouvés presque entièrement identiques par M. de Paravey, et le _tableau des hiéroglyphes cursifs_, également employés par ces deux peuples pour leur calendrier et leurs noms de nombre. Ce sont ces pièces justificatives que les _Annales_ vont donner en ce moment; mais en revoyant son travail, M. de Paravey l'a complété, et ne se borne pas à montrer, comme il l'a fait dans sa première notice, les rapports de _tradition_, de _culte_, de _langue_, d'_agriculture_, de _gouvernement_, de _calendrier_, qui existent entre les _Japonais_ et le peuple dominateur du plateau de _Cundin-Amarca_, ou de _Bogota_; M. de Paravey porte ses vues plus loin encore, et discute si les _Japonais_ eux-mêmes, aussi intrépides navigateurs que nos _Basques_ des Pyrénées, n'ont pas reçu comme ces derniers, et comme les peuples de _Bogota_, des colonies _sabéennes_, _phéniciennes_, ou _arabes antiques_. M. de Paravey avait déjà cité quelques mots; mais ces mots étaient remarquables et décisifs: il faisait remarquer que le nom des _Sabéens_, ou _Sabiens_, peuple commerçant et navigateur de la Chaldée ancienne, se retrouve encore au Japon, dans le nom de la langue de ce peuple, appelée, suivant Rodriguez, page 75 et 134, le _Sewa_[11] ou _Seba_, par opposition au _koye_, qui est le nom de la langue chinoise et savante, cultivée aussi par les Japonais, comme l'est le latin chez nous. Or, ce nom de _Seba_ ou _Chiba_ se retrouve aussi dans le nom de la langue parlée par les _Muyscas_ ou _Moscas_, langue nommée le _chib cha_, ou la langue _chib_ (car, _cha_, en muyscas, et _sa_, en japonais, ou _sja_, signifient _hommes_); et il se retrouve également dans les noms _muyscas_ des lieux nommés _Suba_ et _Zipaquira_, cités aussi par M. de Humboldt[12]. Ces noms de _saba_, _sabi_, _sabiens_, se retrouvaient donc à _Bogota_, et ils se sont conservés également au _Japon_, dans les mots _sobai_, nom des marchands[13], comme l'étaient les _Phéniciens_ et les _Sabéens_; dans le mot _sobainin_, nom de celui qui a une charge ou un emploi, tels qu'en eurent les _Sabéens_ civilisateurs; et enfin dans le nom _sobo_, du blé noir ou blé sarrasin, blé des Arabes, ou des peuples du pays de Saba. Mais outre ces rapports déjà indiqués par M. de Paravey, M. de Humboldt (page 224, t. II) cite le nom d'_Iraca_, comme celui du lieu, à l'est de la capitale des Muyscas, où était le sanctuaire du soleil, et le séjour du grand pontife de _Bogota_, le célèbre _Bochica_, aussi appelé _Nemque-Theba_. Or il ne faut pas ici de grands efforts de mémoire pour se rappeler que le séjour des Sabéens, la _Chaldée_, est aussi nommée l'_Irac_, l'_Irac-arabique_; et que la Bible samaritaine a donné ce même nom _al Iraq_ ou _Lilaq_, à l'antique et célèbre ville de _Babel_, bâtie peu après le déluge, ville encore appelée _Hillah_ ou _Hillach_ en ce moment même, et où existent d'immenses ruines et des briques couvertes d'hiéroglyphes trop peu étudiés jusqu'à ce jour. _Nemque-Theba_, nom de _Bochica_, le civilisateur des Muyscas, écrit _Nemeque-Theba_, offre, aussi-bien que _Tur-Mequé_, lieu d'un marché célèbre qui s'y tenait tous les trois jours, dit M. de Humboldt, le nom de _meque_, c'est-à-dire de la _Mecque_, ou _Mecah_, marché célèbre aussi en Arabie et lieu sacré où l'on adorait le soleil et la lune, dès les tems les plus anciens, comme le faisaient également et les _Sabéens_ de la Chaldée, et les _Muyscas_ de Bogota. Et quant aux rapports avec les Basques[14], peuple dont les mots sont reconnus pour être arabes, hébreux ou phéniciens[15], M. de Humboldt a paru lui-même soupçonner ces rapports, quand (pag. 237, t. II) il met les noms de nombre _basques_, en regard avec ceux des _muyscas_, et observe que ces deux peuples procédaient également par _vingtaines_ dans leur numération, disant pour quarante, _deux vingts_, pour soixante, _trois vingts_, comme nous-mêmes, nous disons encore quatre-vingts pour _octante_ ou huit fois dix. Or, _vingt_ s'exprime par _oguei_ en _basque_, et en _muyscas_ ce nombre se dit _gué_, qui signifie une maison, contenant sans doute vingt personnes communément. Cette identité de son est remarquable, mais elle n'est pas la seule; car _un_, qui se dit _fito_ en japonais, d'où on peut facilement tirer _fato_, et _fata_, et _bata_, ce qui signifie _homme_, être _humain_, (comme le signifie aussi _tse_, premier caractère cyclique en japonais et en chinois,) se dit _ata_ en muyscas, et _bat_ en langue _basque_: il y a donc encore ici analogie de sons dans ce nombre, chez les trois peuples. Il en est de même pour le nombre _bi_ ou _deux_ chez les Basques, _bis_ des Latins, prononcé _bo_, _bus_, _bos_, et donnant le _bosa_ des Muyscas, nom du nombre deux, et le _fouta_ des Japonnais, nombre _deux_ également; puisque l'on sait qu'au Japon et partout, le B se change en F, le T en Ts, de sorte que _fouta_ a pu devenir _foutsa_, _boutta_, _boso_; _Ni_, d'ailleurs, exprime aussi _deux_ en japonais[16], et ce _ni_ est évidemment le _bi_ des Basques et notre _bis_, le N et le B se permutant. Ainsi l'on a déjà trois noms de nombre pareils chez ces trois peuples si éloignés, et les deux derniers tiennent évidemment au primitif alphabet hébreu, chaldéen, sabéen, type de tous les autres, et commençant, on le sait, par A et B, _Ata_, _Bosa_. On ignore comment se disait en langue _chib_ ou _chibcha_, c'est-à-dire, chez les _Muyscas_, une rivière, un ruisseau ou torrent; mais en japonais, ce nom est _gawa_ ou _kawa_[17]. En basque, le nom des torrens se dit _gave_, et la ville si pittoresque de Pau est célèbre, non-seulement par sa vue si magnifique des Pyrénées, mais aussi par son _gave_ rapide, qui semble rouler des diamans; il y a donc encore ici identité de mots entre les deux langues. Or, d'où pourrait venir ce rapport, si ce n'est des colonies parties également de la _Chaldée_, premier séjour des hommes après le déluge, et d'où Hérodote rapporte que sont sortis les Phéniciens, tige des _Carthaginois_ et des _Basques_. En persan ancien et moderne, c'est-à-dire, vers la _Chaldée_, _ab_ ou _av_, est le nom de l'_eau_, et de là le nom de _Darius_ ou _Darab_, exposé, dit-on, _sur les eaux_, dans son enfance; l'_aqua_ des latins n'en est qu'une modification régulière, le V se changeant en _gu_ et _qu_. Enfin, jusque dans la _Nouvelle-Zélande_ elle-même, où existe un peuple au visage aquilin, aux formes d'athlète, au caractère énergique, intrépide sur mer, comme les Basques et comme les Japonais, peuple chez qui certainement ont aussi pénétré les _Arabes_ et les _Sabéens_[18], ce nom _gave_ ou _gawa_ se retrouve; car une rivière s'y dit _awa_, d'après le célèbre capitaine d'Urville, page 31, 2e partie, de ses utiles et nombreux vocabulaires de l'archipel océanique[19]. M. de Paravey cite donc encore ici un nom qui se retrouve à-la-fois en _Europe_, dans l'_Océanie_ et dans les _îles du Japon_, et dont l'origine est purement _chaldéenne_ ou _persanne_, et il pense que pour l'histoire des peuples, des mots pareils équivalent aux médailles les plus authentiques. Quant au nom même de la nation des _Muyscas_ ou _Moscas_, il observe que leur nom diffère très-peu de celui que portent encore les _Basques_ en Europe et chez leurs voisins; et il remarque en outre que M. de Humboldt cite (p. 225) le nom _Pesca_, comme celui d'une des quatre familles principales de _Bogota_, familles antiques, ayant le droit d'élire le grand pontife d'_Iraca_; mais les Basques ou _Vascons_, entr'eux et dans leur langue, se nomment aussi _Escualdonac_, _Escualdoniens_; on voit donc qu'ils se glorifient de leur origine _chaldéenne_, _chalédonienne_, et que peut-être le peuple vif et spirituel de l'ancienne _Calédonie_ ou de l'_Ecosse_ actuelle, ne leur est pas étranger. Au reste, d'autres noms encore sont communs aux Basques et aux _peuples de Bogota_; en basque, on trouve fréquemment les noms de _Marca_ et de _Comarca_, terme qui en portugais offre le sens de _Seigneurie_, _District_, et l'empire de Bogota se nommait, on le sait, _Cundin-Amarca_; dans la Nouvelle-Grenade, était l'ancien peuple que Maltebrun nomme _Angamarca_. Au Pérou il y avait un lieu nommé _Caxamarca_, célèbre par la mort de l'inca Atahualpa; les Antilles, ou pays des _Caraïbes_, ont été nommées aussi _insulæ Camercanæ_, nom qui rappelle la _Camargue_, pays des Phocéens. M. de Paravey, à cette occasion, fait observer que les Basques, non moins habiles sur mer que les Phocéens, sont cités pour avoir été les premiers naviguer dans les mers du nord et vers l'Amérique, et qu'à _Terre-Neuve_, la terre de _Baccaléos_ porte encore le nom basque et italien de la morue. Il cite l'_histoire de Bayonne_, qui montre cette ville antique, si florissante dans sa navigation lointaine, que le roi d'Angleterre, plus d'une fois, s'abaissa jusqu'à la supplier de lui prêter ses flottes. Il rappelle que le code des _lois maritimes d'Oléron_, antique ville non loin de Pau, dans les Basses-Pyrénées, est aussi célèbre de nos jours, que le fut celui des _Rhodiens_ dans l'antiquité, et qu'un commerce actif a toujours eu lieu et subsiste encore entre cette ville d'_Oléron_ et _Cadix_, primitive colonie phénicienne. Enfin, il remarque que l'art de travailler le fer et les métaux est aussi cultivé chez les Basques que chez les Japonais; et cite, dans les îles _Lieou-kieou_, au sud-ouest du Japon, des peuples aux traits _arabes_, au _turban_, aux habits rayés comme les Arabes, comme eux portant la barbe, et qui n'ont pu y venir de la Chine, où ce costume n'existe pas, non plus que la barbe. Et ici il rapporte qu'il a connu à Londres des anglais instruits, qui, ayant été de Canton dans le _Fo-kien_, sur la côte sud-est de la Chine, y ont vu le peuple nommé _Tchin-Tcheou_, peuple navigateur et intrépide, formant sur cette côte sud-est une population en regard du Japon, très-nombreuse, et de plus de 20 millions d'habitans, et qui diffère en tout des Chinois, soit par son dialecte, que l'on nomme la langue _tchin-tcheou_ ou _chin-cheou_, soit par ses traits _aquilins_, soit par son intrépidité, analogue à celle des _Japonais_ et des _Basques_[20]. Enfin, il renvoie à la relation du _voyage de deux Arabes à la Chine_, relation dont le manuscrit existe à Paris, traduite et publiée par le docte abbé _Renaudot_, et qui nous peint les Chinois à l'époque de l'an 851 de notre ère, comme étant encore à demi-barbares, et _mangeant de la chair humaine_, mais qui dès-lors étaient visités par des nuées de marchands arabes, juifs et sabéens, venant exploiter les riches produits du sol fertile du prétendu empire céleste; et il peint ces Arabes comme étant en si grand nombre, que dans les ports de la Chine se trouvait, en tout tems, un cadi de leur nation, chargé de leur rendre la justice. Ainsi, les Arabes, les Chaldéens, les Juifs, les Sabéens, affluaient alors à la Chine par mer, et sans doute pénétraient aussi au Japon, et se mêlaient à ses habitans indigènes et de race tartare, tandis que par terre ils arrivaient également dans les contrées ouest de la Chine, remplies même en ce jour de musulmans[21], qui de ces contrées lointaines font parfois encore le pélerinage de la Mecque. Or, ce qui s'était fait alors, avait dû se faire aussi au tems où les Arabes de _Saba_ en Arabie-Heureuse, de la _Mecque_ et de l'_Irak_, sous le nom d'_Ismaélites_ et de _Nabathéens_, étaient encore idolâtres. Ce fut alors qu'ils portèrent leur culte des astres, leur langue, leur calendrier, leurs cycles, et en Chine sur la côte sud-est, et au Japon, et en Corée[22]. Ce fut alors que leurs nombreux navires durent éprouver des tempêtes dans les mers si orageuses de la Chine et du Japon, et être jetés sur la côte ouest des deux Amériques. _Valentyn_, _Kæmpfer_ (t. 1, p. 59) et _Kotzebue_ tout récemment, citent des jonques japonaises qui ont été portées en Amérique par des tempêtes, ou y ont été envoyées en découverte, y ont séjourné, et ont su, de nos jours même, revenir de là au Japon. Ainsi, et seulement ainsi, a pu arriver dans l'Amérique du Sud, et sur le plateau de _Cundin-Amarca_, l'antique _Bochica_, fils et image du soleil, _Sua_, et aussi nommé _Sué_, c'est-à-dire, _l'homme blanc_, nom que reçurent pareillement Quesada et ses compagnons, quand ils découvrirent ces contrées; nom qu'on applique encore aujourd'hui, à Bogota, aux européens ou asiatiques du Caucase. C'est de la même manière qu'a dû arriver dans le Mexique le célèbre _Quetza Cohuatl_, civilisateur des _Aztèques_, homme également dit _blanc_, vêtu de noir, et portant sur ses habits des croix rouges, et dont l'infortuné Montezuma croyait les Espagnols issus, quand ceux-ci vinrent attaquer son empire. C'est encore de la même manière que put arriver dans l'Amérique du sud _Amalivaca_ qui civilisa les _Tamanaques_. D'autres civilisateurs purent aussi venir du centre de l'Asie, mais par terre en grande partie, soit en gagnant l'Amérique, par le Kamtchatka et les îles du détroit de Béringh, soit par la Corée, les îles Kouriles, et les îles Aléoutes, qui se prolongent jusques vers le nord de la Californie. Ce fut par cette voie de terre, que, dès l'an 499 de notre ère, c'est-à-dire, 1000 ans environ avant Colomb, des bouddhistes[23] de _Samarcande_ se rendirent au _Fou-sang_, pays déjà connu à cette époque, et qu'ils voulaient convertir. Ils passèrent par le _Tahan_, ou la pointe nord-est de l'Asie, et après une assez longue navigation qui est parfaitement décrite, et qui mène précisément sur la côte nord-ouest de l'Amérique, comme le montrera M. de Paravey dans un mémoire particulier qu'il prépare pour cet important sujet, ils atteignirent une contrée riche en or, mais encore privée de fer, contrée à demi-civilisée, offrant des vignes, située à plus de 2000 lieues à l'est des côtes de Corée, et qui ne peut être que l'Amérique, comme l'a très-bien vu M. de Guignes le père, qui a traduit le premier et publié[24] cette curieuse description du pays de _Fou-sang_. M. de Paravey n'ignore pas que M. Klaproth a prétendu réfuter M. de Guignes à cette occasion, et qu'il a affirmé[25] que le Japon, si voisin de la Chine, était le vrai lieu atteint par ce voyage des Bouddhistes de _Samarcande_, ou du _Ky-Pin_. Mais M. de Paravey réfutera à son tour M. Klaproth, en prouvant que la vigne existe indigène, et de tout tems, dans l'Amérique du Nord, objection principale que faisait cet orientaliste à M. de Guignes, et qui le porte à conclure, on ne sait comment, que ce pays, situé à 20 mille lys ou 2000 lieues Est de la Chine, répond au Japon: le Japon, en effet, est aussi nommé _Fou-sang_, ou _pays de l'arbre_, du _rosier_ fabuleux sur lequel le soleil se lève; mais il était parfaitement connu des Chinois à l'époque de cette curieuse relation, et jamais ils ne l'ont placé à 2000 lieues à l'est des côtes de la Chine. Si des _Bouddhistes_ ou des chrétiens nestoriens partaient de _Samarcande_, et, guidés par des Tartares, sur leurs traîneaux rapides, se rendaient en Amérique, par le Nord-Est de l'Asie, après une courte traversée, et cela, dès l'an 499 de notre ère; si des Carthaginois, comme le dit _Diodore_ de Sicile, y avaient pénétré par l'Ouest, aussi-bien que des Phéniciens et des Espagnols, des Basques même, dès avant notre ère; alors s'expliquent naturellement ces immenses constructions et ces bas-reliefs si curieux de _Culhuacan_ ou _Palenqué_, dans le _Guatimala_, présentant des offrandes de fruits, des sacrifices d'animaux, et même d'hommes, comme le faisaient les Phéniciens et les Carthaginois; alors s'expliquent aussi les _Croix_ qui ont pu, aussi bien que celles trouvées dans l'Inde, à S. Thomas, être sculptées par eux sur ces curieux monumens. Mais il suffit ici d'avoir indiqué rapidement le but des recherches de M. de Paravey, et pour en revenir à son travail, sur le mémoire de M. Siébold, on observera encore que ce docte voyageur, comme M. de Humboldt, comme tous les bons esprits, suppose que c'est par la pointe nord-est de l'Asie, que l'Amérique a reçu la masse de sa population sauvage, et évidemment de race _mongole_; on observera en outre qu'il admet de telles communications entre le Japon et ce continent de l'Amérique, qu'il donne, dans son ouvrage récemment imprimé[26], et nonobstant les opinions contraires qu'il n'ignore pas, le _Maïs_, ou _blé de Turquie_, comme existant de tout tems au _Japon_ et en Asie-Orientale, aussi bien qu'en Amérique, ce qui est aussi l'opinion de M. de Paravey; les _Toltéques_ le portant avec eux, comme le dit M. de Humboldt en décrivant leur migration du nord au sud. Les communications soupçonnées par le savant auteur des _Vues des Cordillères_, entre les Muyscas et les Japonais, se vérifient donc de mille manières: outre les mots _muyscas_, puisés dans le mémoire de M. Klaproth, d'après le P. de Lugo, M. de Paravey a aussi transcrit tous les mots _chib_ ou _chibcha_, que cite M. de Humboldt; ce sont ces mots que l'on va, d'après lui, comparer au japonais, en commençant par la série des dix nombres, ou des dix jours qui se comptent au Japon, en ajoutant _ka_ à chaque nom de nombre, comme le font également les Chinois et certains peuples du Caucase; et en observant que cet augment appelé ici la _numérale des jours_, suffirait déjà seul pour démontrer des rapports et une origine commune. Avant de donner ces tableaux, d'après M. de Paravey, on croit devoir remarquer que, dans les langues orientales, les voyelles se changent sans cesse les unes dans les autres, et même souvent ne se marquent pas et sont suppléées par le lecteur. On croit devoir aussi citer Thunberg, qui (p. 179, t. II) apprend qu'au Japon le B se change souvent en M et en F, et _vice-versâ_, le K en F et en B (bien que ces lettres ne soient nullement de même organe), le D en T, le R en L parfois, et enfin le H en F. Et pour prévenir jusqu'aux moindres objections, on croit devoir avertir que, si le _ch_ manque en _japonais_, comme le dit Thunberg (p. 178, t. II), tandis qu'il termine fréquemment les mots muyscas, dit M. de Humboldt (p. 229), les Japonais (dans _Thunberg_, au moins) ont le _j_, aussi-bien que le chinois, et le _dj_, comme dans le mot _djogoun_, et le _sj_, dans lequel le _s_ et le _ch_ se changent facilement. La lettre L, en général, manquant d'ailleurs également aux deux peuples, est un autre rapport d'organe assez surprenant, et qui exclut une origine chinoise pour les _Muyscas_, puisque chez les Chinois, à l'inverse du Japon, c'est au contraire la lettre R qui n'est pas usitée, du moins dans certaines provinces. M. de Humboldt a démontré que la _lunaison_ se divisait en trois décades, en Chine, au Japon et chez les Muyscas, où les intercalations, avaient lieu comme chez les Grecs. Il a prouvé aussi (p. 264), que le cycle de soixante ans des Chinois et des Japonais, divisé en quatre indictions de quinze ans chacune, usitées en Europe au tems de _Constantin_, existait chez les _Muyscas_, et manquait chez les Aztèques. Et cette période de soixante ans, cet artifice de séries périodiques, est encore d'une origine purement chaldéenne ou sabéenne, au Japon, en Chine et à _Bogota_, puisque ce sont ces périodes chaldéennes de soixante heures, soixante jours, soixante ans[27], qui ont donné naissance à la division astronomique en minutes, secondes, tierces, etc., division dite _sexagésimale_. Mais si, d'après les détails que donne M. de Humboldt, le cycle de dix jours était, chez les _Muyscas_ aussi-bien qu'au Japon, l'élément formateur des mois de trente jours et des cycles de soixante ans, il importait fort, comme le firent M. Siébolt et M. de Paravey, de comparer ce cycle de dix jours des deux côtés. Or, le voici chez ces deux peuples: EN MUYSCAS, LANGUE _CHIB_. |EN JAPONAIS, LANGUE _SEW A_. Humboldt, p. 230. |Rodriguez, p. 19. =====================================+============================= Le 1er jour Ata |Fifitoi. Le 2e jour Boz-ha |Fouts-ka _ou_ Bouts-ka. Le 3e jour Mi-ca |Mi-ka. Le 4e jour Mhuy-ca |Iok-ka. Le 5e jour His-ca |Its-ka. Le 6e jour Ta |Mouï-ka. Le 7e jour Cuhup-qa |Nanou-ka. Le 8e jour Suhuz-ha[28] |Io-ka _ou_ Tats-ka. Le 9e jour A-ca |Kon-o-ka. Le 10e jour Ubchihi-ca |Too-ka _ou_ To-ka. Il est remarquable ici, observe M. de Paravey, que la finale _ka_, numérale des jours en japonais, se trouve aussi dans presque tous ces noms en _muyscas_, soit sous la forme _ca_, _qa_, ou sous celle de l'aspirée _ha_. Il est non moins remarquable que le premier jour, _Ata_ en muyscas, et _Fifitoi_ en japonais, ou même encore _Tsouitats_, variante que donne M. Klaproth[29], soient également des deux côtés privés de cette finale _ca_, ou _ka_, qui termine les autres nombres. Et quant aux identités, celles des 2e, 3e, 5e, et 9e jours sont trop évidentes pour être discutées; _kon-OKA_, en japonais pour le 9e jour, renfermant _aca_ ou _oka_, qui en est l'abréviation en _muyscas_. Le 1er jour lui-même, qui a pu se dire _ito_, aussi bien qu'_ata_, en muyscas, n'est qu'une abréviation du _Fif-ITO-i_, japonais, et se trouve également compris dans _Tsou-ITA-ts_, autre nom du 1er jour. Le 10e jour, _ubchihica_, diffère fort, il est vrai, du _too-ka_, japonais; mais (p. 20) Rodriguez nous apprend ici que dix pièces de monnaie s'expriment par _ippiki_, en japonais, et que ce nom s'emploie comme finale des nombres pour compter de dix en dix. _Ubchihi-ca_, écrit _ipchiki_, pourrait donc en dériver, puisqu'il exprime ici _dix_, ca étant d'ailleurs le nom du jour, ou sa numérale dans _ubchihica_. Cependant, M. de Humboldt traduit ce nom par _lune brillante_, et la lune se dit _tsou-ki_, et a pu se dire _touki_, _tooki_ en _japonais_; il y a donc eu ici traduction de l'idée. Il en est de même pour le nombre six, qui est ta en _muyscas_, et signifie _récolte_, dit M. de Humboldt; mais en japonais, _mougui_, devenu facilement _mou_, signifie également _blé_, _céréale récoltée_; il y a donc encore eu évidemment traduction ici. M. de Paravey soupçonne que le 4e, le 7e et le 8e jour offrent également des traductions des symboles hiéroglyphiques qui répondaient à ces nombres; mais il manque de dictionnaires japonais, où il puisse chercher le son des idées qui répondent à ces hiéroglyphes chez les Muyscas. Il existe dans toutes les langues plusieurs mots très-différens pour exprimer la même idée, ou des idées très-voisines, et ici les _Muyscas_ ont conservé les sons japonais, dans les 1ers, 2e, 3e, 5e et 9e jours, tandis qu'ils ont pris pour les autres nombres d'autres mots, mais des mots équivalens des idées complexes qu'ils offraient; idées expliquées par M. de Humboldt, quand il nous apprend que ce cycle servait aussi à compter, outre les trois décades du mois et les _phases de la lune_, les mois eux-mêmes, les époques des _récoltes_, des _labours_ et des autres travaux de l'année. Déjà (p. 238), en supposant que _ata_ doit signifier _eau_, et remarquant que son hiéroglyphe est une _grenouille_, suivant les _Muyscas_ eux-mêmes, M. de Humboldt observe que la grenouille, ou le _tétard_, type de l'_homme naissant_, suivant les Egyptiens et les Chinois, de l'_enfant_[30], du _commencement_, du _nombre un_ par conséquent, répond, comme il est très-vrai, au premier caractère _Tse_ de l'un des cycles chinois usités au Japon, celui des heures, lequel sert aussi bien à compter que celui des jours. En effet, ce nom _ata_ ou _ada_ est encore celui de la grenouille chez les _Abazes_ du Caucase, et s'est même conservé chez nous dans le nom de _têtard_, qui a des rapports éloignés, mais certains avec le _Thoth_, nom du premier mois égyptien. Dans le nom _tsouïtats_, du premier jour des Japonais, entrent les deux mots, _Souï_, eau et _tats_, dragon, ou _têtard_, animal des eaux et à quatre pattes. Mais _fifitoi_, autre nom du premier jour japonais, offre _fitoi_ ou _Fito_, homme, et la particule _Fi_, privative, suivant Rodriguez, de sorte que ce nom exprime alors _pas encore homme_, _non homme_, _enfant naissant_, _enfant_, dont le type naturel est le têtard de grenouille en hiéroglyphe, symbole mal compris par _Diodore de Sicile_, lorsqu'il fait dire aux sages égyptiens que, dans les tems anciens, les hommes étaient sortis du limon de leur _fleuve sacré_, le _Nil_; or cet _enfant naissant_ est, avec le caractère figuratif des _eaux célestes_ d'où il semble descendre, l'hiéroglyphe _Tse_, du _nombre un_, dans le cycle chinois et japonais des heures et des jours. Il y a donc eu ici encore traduction de ce symbole à double sens. Aussi tous ceux qui ont quelque notion de l'écriture toute symbolique des Chinois, savent que le caractère _yng_, _femme enceinte_, où se voit la femme et son ventre proéminent, s'écrit indifféremment avec la clef _tse_ des _enfans_, ou la clef _mong_[31] des grenouilles ou têtards. Déjà dans son _Essai, publié en_ 1826, M. de Paravey avait montré ces frappantes analogies entre les cycles chinois et japonais, et celui des _Muyscas_: déjà il avait observé, notamment, que l'hiéroglyphe du cinquième jour, _Hisca_, qui offre _le soleil et la lune en conjonction_, suivant les _Muyscas_, était également celui de la cinquième heure, _chin_, en chinois, heure signifiant aussi _conjonction du soleil et de la lune_. De telles analogies sont démonstratives, ce semble, puisqu'elles forment une série suivie, et supposent des idées astronomiques et symboliques fort compliquées, que le hasard seul ne peut produire chez des peuples distincts. On peut consulter M. de Humboldt à ce sujet. Mais ces analogies numériques sont bien loin d'être les seules entre les _Japonais_ et les _Muyscas_. Si l'on examine les noms qui expriment les dignités civiles et sacrées, on retrouve d'abord des deux côtés un _pontife suprême_ et un _chef militaire_, comme aussi une division en _quatre familles principales_, et en _familles nobles_, et _familles du peuple_. Ici, M. de Paravey s'occupe de ces noms de dignités, et de ces quatre familles, et trouve de nouveaux rapports assez sensibles entre ces deux peuples. Les trois dignités principales étaient celles de _Zaque_, de _Zippa_, de _Tithua_, chez les _Muyscas_. Celle de _ZAQUE_ était la première, c'était le titre du souverain de _Hunca_, capitale fondée par _Hunca-Hua_, et portant évidemment son nom, _Hunca_, qui rappelle celui des _Incas du Pérou_, et le nom _King_ qui, en chinois comme en anglais, signifie _roi_; _Cun-din-Amarca_ était le nom de cet empire, dont il fut, dit M. de Humboldt, le premier _zaque_, ou _souverain_, tandis que _Bochica_, à _Iraca_, se trouvait être, lui, le pontife suprême, et ce qu'est au Japon le _Dairi_. Dans tous ces noms entrent, comme on voit, _Hun_ ou _Cun_; or, il est très-remarquable qu'en japonais, encore actuellement, _goun_, ou _coun_, signifie _seigneur_, chef; et _kouni_, _royaume_, _seigneurie_, qui n'est qu'une modification du _koue_ chinois, qui signifie _royaume_, pays du _roi_, _king_. Le nom de _djo-goun_, usité au Japon, dès l'an 87 avant J.-C., signifiait le _chef suprême_, le premier des _seigneurs_; _djo_, ayant le sens de _premier_, _supérieur_. On peut donc supposer que dans _Hunca_, ou la _ville royale_, _Hun_, aspiré, s'est écrit _Gun_ ou _Cun_; et on le peut d'autant mieux que l'empire se nommait en son entier _Cun-din-Amarca_, ou le royaume _Cun_ (_Kouni_ en japonais) d'_Amarca_, nom carthaginois et basque, on l'a déjà dit, nom illustré par la célèbre famille des _Annibal_, famille des _Barca_ où _Marca_, et qui, outre tous les lieux en _Amarca_ déjà cités, se retrouve encore dans le nom _Mayoc-Marca_ de la tour de l'inca à Cuzco dans le Pérou et dans celui de _Cat-Amarca_ du pays de Rio-de-la-Plata[32]. Quant au titre particulier de _ZAQUE_, M. de Paravey cite Rodriguez (p. 116), donnant le titre de _seike_, comme celui _des gouverneurs_ des trois états principaux du Japon: les autres gouverneurs se nommant _kami_ ou _grands_, nom, qui en _Muyscas_, se rend également par _khouma_, d'après M. Klaproth lui-même. _Soukouy_, en japonais, signifie d'ailleurs _s'asseoir sur le trône_; _sakkara_ est le nom du _trésor royal_; _Fisaki_ est le nom de l'_impératrice_, ou de la femme du _zaque_; et enfin, toujours en japonais, _sougo_[33] est le titre de _commandant militaire_ des provinces. Le nom de _ZAQUE_, pour celui de souverain, de gouverneur suprême, n'était donc pas inconnu au Japon, et il y existe encore dans les titres de _Seike_, et de _Fi-SAKI_, impératrice, aussi-bien qu'en Amérique dans le nom des _Ca-ciques_. La seconde dignité des _Muyscas_ était celle des _ZIPPA_, _chefs des provinces_. Or, en chinois, _pa_ est le titre de vice-roi; _pe_ est le titre de _prince_, prononcé _pac_ au Japon, et c'est de là que viennent, on le sait, les titres turcs de _pacha_, et de _beg_ ou _bey_. Enfin, on l'a déjà indiqué, _sobe_ désigne _un homme en charge_, _un chef_ en japonais, et est très-voisin de _zippa_, étant formé de _so_ ou _sa_, homme, en japonais, et de _pe_ ou _pac_, chef, prince. La troisième et dernière dignité était, à _Bogota_, celle des _TI-THUA_, chefs des bourgs et tribus; or, en japonais comme en chinois, on sait que _tay_ signifie _grand_ et _chef_, et que _tayou_, est un des titres d'honneur du _djogoun_, titre appliqué encore aux _chefs des tribus_ du nord-est extrême de l'Asie, et du nord-ouest de l'Amérique. On a d'ailleurs en japonais, _gilo_, pour le titre de chefs des bourgs et de ceux qui font payer le tribut comme le faisaient les _tithuas_ à _Bogota_: _gito_ a pu très-facilement se transformer en _tito_, _titua_[34]. Enfin il existait au _Japon_ comme à _Bogota_, quatre familles principales et les plus distinguées parmi les quatre-vingts familles primitives, dont les noms sont conservés, et forment la noblesse japonaise. M. de Paravey fait observer ici que cette tradition de quatre-vingts familles primitives, est purement arabe; car d'Herbelot affirme qu'au lieu de supposer huit personnes dans l'arche qui s'arrêta sur le mont _Djioudi_, _en Mésopotamie_, les Arabes et le _Coran_ en font sortir _quatre-vingts_, qui repeuplèrent en premier lieu cet antique centre de toute civilisation, la _Chaldée_, la _Babylonie_ et l'_Assyrie_[35]. Quoi qu'il en puisse être sur ces _quatre-vingts_ familles, voici, d'après M. de Humboldt et le P. Rodriguez, les noms des quatre premières chez les _Muyscas_, où elles élisaient le grand pontife d'_Iraca_, ou le _Dairi de Bogota_; et chez les Japonais, où elles possédaient les principales charges. ----------------+------------------ MUYSCAS. | JAPONAIS. Humboldt, | tome II, p. 225.|Rodriguez, p. 111. ----------------+------------------ 1º Gameza |1º Ghen _ou_ Ghem. 2º Pesca |2º Fei _ou_ Pei. 3º Toca |3º To. 4º Busbanca |4º Kit. Or l'on voit encore dans ces noms propres, sauf le dernier, une analogie assez remarquable, ce semble. Quant aux noms de _lieux_, il est évident que _Sogamozo_, autre nom du _séjour_ du grand pontife de _Bogota_, fondateur d'_Iraca_, se trouve presque en entier dans _Sagami_, une des soixante-six provinces actuelles du Japon[36], tandis que le nom _Iraca_, est encore usité au Japon, aussi-bien qu'en Chaldée, dans les noms de rois et de familles nobles, _gos-IRACA-wan-yn_, 77e roi, régnant en 1160[37] et _f-IRAKOU-gho_, famille noble. Il est évident aussi que _Yamana_, nom de famille[38], a de grands rapports avec _Yemen_, _Yeman_, nom de l'_Arabie-Heureuse_ (ou pays de la _Main droite_). Il est clair que le nom de famille _Masakado_ (R. p. 110) a quelque analogie avec celui des _moscas_ de Bogota, comme aussi les noms de pays japonais, _Moutsou_ et _Mousasi_ (p. 124), et les noms de famille, _Masou_, _Masa_, _Motsi_ (p. 110), en ont avec le nom de la tribu des _Mozos_, du plateau de Bogota, que cite M. de Humboldt (p. 222). On pourrait multiplier ces analogies; citer encore au Japon le pays _TsiKOUYEN_, et à Bogota la tribu des _Guanes_; et enfin la contrée japonaise (p. 125), nommée _Nagato_, nom évidemment très-voisin de celui de _Bogota_. Ces analogies de noms de pays et de familles, ont aussi certainement leur importance, et on a cru devoir les indiquer. M. de Humboldt cite également la rivière _FUNzhe_, qui formait dans les premiers tems un lac immense du plateau de Bogota, et en japonais _Fun_ ou _Foun_ est un des noms de famille, et _foung_ ou _foun_ signifie _boue_ ou _lac boueux_[39]. Mais il faut encore examiner d'autres noms non moins importans, ceux qui tiennent _au culte_, et que voici: Les prêtres des _Muyscas_, ayant souvent des masques d'animaux symboliques, comme ceux que portaient les prêtres égyptiens, se nommaient _Xéques_, suivant M. de Humboldt; et M. de Paravey, d'après le père Rodriguez, cite (p. 125) une secte religieuse du Japon, nommée _Soke_; il observe que (p. 106) _saghéo_, _saighio_ est en japonais le nom des livres contenant les _vies des religieux_ ou des _prêtres_; que _gikai_ veut dire[40] _observance de la règle_, de sorte que _Xéque_ ici voudrait dire: _régulier_, _homme soumis aux règles_, c'est-à-dire, _religieux_ ou _prêtre_. Il observe même que l'un des noms de l'homme barbu, civilisateur des _Muyscas_, le nom de _Bochica_, a de singuliers rapports avec les noms _Fo_ et _Che-kia_, du fondateur célèbre du _bouddhisme_, religion très-anciennement portée à la Chine, puis au Japon, et qui y subsiste conjointement avec le culte des _astres_; suivant M. Titsingh, un des résidens hollandais en ce pays[41]. Or, en ce dernier pays, le nom de _Fo_, se prononce _Bou_ et _Bo_ et même _Bouppo_, et son nom de famille _Che-kia_, où il serait possible de voir le titre _Scheik_ des Arabes avec une finale _ia_, se prononce _chaka_; le nom de _Bochica_ des _Muyscas_ serait donc formé de la réunion des deux noms du célèbre _Fo_, _Bochaka_ ou _Bochica_, et la classe des _xéques_ serait celle des sectatateurs de _Che-kia_, ou du _scheik_ arabe qui a dû fonder cette secte antique, dans l'_Inde_ et dans le _Fou-sang_ des livres chinois, c'est-à-dire, en Amérique. Mais ce mystérieux _Bochica_, type et fils du soleil, se nomme aussi _Sua_ ou _Zuhé_, nom du _soleil_ chez les _Muyscas_; tandis que sa femme, non moins célèbre, se nomme _Chia_, du nom de la _lune_, où elle est censée exister, et aussi _Huythaca_ ou _Huethaca_, _Guethaca_, suivant M. de Humboldt. Or, précisément la _lune_ se nomme _gouat_ ou _guet_, _guets_ dans Rodriguez et Thunberg (_Vocabulaire_ japonais), c'est-à-dire, qu'elle a le même nom que chez les _Muyscas_, à la finale près, _GUET-haca_, _Huet-haca_. Le nom du soleil, _Sua_, nom qui, écrit _Sué_, signifie blanc, se retrouve évidemment prononcé _joua_, _joue_, dans les mots japonais _JOUAki_, _il fait jour_, et _JOUki_, neige, c'est-à-dire, blanc; adouci en _Sou_, il a aussi en japonais, comme dans une foule d'autres langues, le sens de _Seigneur_, de _Dieu_, et se retrouve évidemment dans le sanscrit _Souria_, soleil, mot très-voisin du japonais _siroï_ ou _suroï_, blanc. Le dimanche ou jour du soleil, se nomme à la vérité _nitie-yo_, en japonais, mais le lundi s'y appelle _gouet-yo_, où apparaît encore le nom muyscas _GUET_ ou _huethaca_, et il est à remarquer que les jours de cette semaine des Japonais, comme de celle des Indiens, répondent précisément aux mêmes planètes que les nôtres. On voit donc qu'à quelques nuances près, les noms muyscas et japonais sont encore les mêmes pour le soleil et la lune. Si l'année, ou période de vingt lunes, se nomme _zocam_ en muyscas, ce qui rappelle les _yogam_ ou périodes de tems des Indous, _toka_, facilement dit _tsoka_, est le nom du _tems_ en japonais; l'année de douze mois en particulier s'y nommant _tosi_, et _tsouka_ étant d'ailleurs, en japonais, le nom du mois ou de la _lunaison_, autre période du tems, fermant le _zocam_ muyscas. Les lunaisons mêmes se nommaient _suna_ ou _souna_, chez les Muyscas, dit M. de Humboldt, et il en donne une étymologie douteuse et éloignée; tandis que ces peuples intercalant des _lunes_, par un artifice qu'il explique, on peut tirer ce nom du nom primitif de la lune intercalaire, en chinois _joun_ et _soun_ en japonais; lune que M. de Humboldt cite lui-même, sans penser à l'analogie frappante de ce nom avec le _suna_ des Muyscas. Si la _nuit_, en muyscas, se nomme _sa_ ou _za_, on peut y voir l'abrégé du nom japonais _joSAri_, mot complexe, puisque _jo_, ou _yo_, ou _ia_ seul est la numérale et le nom des nuits en japonais[42], de sorte que l'autre nom de la lune, _chia_, en _muyscas_, a dû signifier quelque sens analogue à celui de _dame de la nuit_, ou _reine des ténèbres_. Toutes les moindres nuances se retrouvent donc ici dans les noms astronomiques des deux peuples; et il n'est pas jusqu'à ce pauvre prisonnier, cet enfant nommé le _guesa_, qui était saisi dans quelque course guerrière, et élevé dans le temple du soleil, ou le _chun-sua_ d'_Iraca_, pour être immolé à l'âge de quinze ans, dans la _pleine lune_ de chaque _indiction_, qui ne trouve l'étymologie de son nom en japonais; car, en cette langue[43], _man-gueso_ est le nom de la _pleine lune_; c'était donc le _gueso_, ou _guesa_, l'_enfant_, la victime _de la pleine lune_, _man-gueso_; et c'est à tort que le chanoine Duquesne traduit ce nom par _errant_, ou _sans-maison_ (_gué_ en muyscas étant le nom de la maison). Cet enfant, en effet, avait pour maison le _temple du soleil_; et l'idolâtrie stupide qui l'y faisait élever avec soin, pour l'y immoler, afin de se partager son sang après son décès et d'offrir son coeur au mystérieux _Bochica_, rappelle évidemment le culte presque aussi barbare des Égyptiens, qui, dans leurs temples magnifiques, par un autre calcul astronomique, immolaient tous les vingt-cinq ans leur boeuf _Apis_, après lui avoir rendu des honneurs absurdes et l'avoir élevé avec le plus grand soin. Le sacrifice d'_Abraham_, si célèbre dans tout l'Orient, sacrifice qui a aboli les sacrifices humains, et qui se solemnise avec pompe, jusque chez les musulmans de _Hami_, dans la _petite Boucharis_, et en _Chine_ aussi-bien qu'à la _Mecque_, montre combien ces cruautés astrologiques sont anciennes: l'on n'ignore pas que les Romains eurent beaucoup de peine à les abolir à _Carthage_; l'on sait qu'à _Tonga-Tabou_, île de l'Océanie, un père immole ou laisse immoler ainsi son propre fils, croyant alors avoir apaisé le mauvais esprit, et sauvé par cette offrande sanglante, une vie plus précieuse à l'État. On peut consulter à cet égard l'intéressant voyage de M. le capitaine d'Urville, et pour des vues philosophiques et plus élevées, recourir à la dissertation si profonde de l'illustre comte de Maistre, à la suite des _Soirées de St. Pétersbourg_, dissertation que pourrait confirmer puissamment la discussion des hiéroglyphes conservés en Chine pour exprimer _sacrifier_, _offrir_[44]. Pour en revenir au sujet de ce mémoire, et ne voulant pas l'allonger à l'infini, on se borne, après ces discussions, déjà trop étendues peut-être, à donner la liste suivante des mots de toute nature, trouvés identiques, ou du moins fort voisins chez les Muyscas et les Japonais. Si M. de Paravey avait eu à sa disposition le vocabulaire anglais et japonais de M. Medhurst, publié à _Batavia_, en 1832; s'il avait pu se procurer la _grammaire muyscas du_ P. de Lugo, il ne doute pas que son travail eût été moins défectueux, et la liste des mots identiques beaucoup plus considérable; mais telle qu'elle est ici, elle pourra convaincre tous les esprits droits. LISTE DE MOTS MUYSCAS ET JAPONAIS IDENTIQUES OU PRESQUE PAREILS, Outre ceux déjà indiqués dans ce Mémoire. ===================================+==================================== MUYSCA OU _CHIB._ |JAPONAIS OU _SEW A_. -----------------------------------+------------------------------------ Autorités | Autorités. 1. _Homme_ (_vir_), cha. Humboldt. |Sa (_gin_, _homme_ en chinois). | Rodriguez. | 2. _Femme_, fou-cha. Lugo. |Fou-gin (_femme_ en chinois), |Fou-yn, _chaste_. Rodrig. | 3. _Père_, paba. Id. |Babo, _frère aîné_. Thunb. | 4. _Mère_, gouaga. Id. |Gogo, _fille_. Id. |Fa-sa, _mère_. Id. |Et ci-d., voir le Foueha |muyscas, _femme_. | 5. _Faire_, kikoua. Id. |Sou-ki-kou, _labourer_. |Naghe-ki-kou, _travailler_. |Fatari-ki-kou, _travailler_. |Ka-ki-kou, _écrire_. |Fa-ki-kou, _fouler_. |Et une foule d'autres verbes. Vr Rodr. | 6. _Tuer_, goûgouâ. Id. |Kouako, _passé_, _trépassé_. |Koughi, _clou_, _pointe_, _percer_. |Ikousa, _la guerre_. Rodrig. | 7. _Manger_, gouaska. Id. |Koutsi, _bouche_. Id. |Koni, _manger_. Id. | 8. _Bon_, cho. Id. |Joui, _bon_, _beau_. Thunb. |Jo-si, _bien_. Id. |Jo-ka, _bon_. Id. | 9. _Noir_, _obscur_, |Mime, _obscur_, _sombre_. Id. mayhica. Humb. | | 10. _Blanc_, sué Id. |Siroï, suroï. Rodrig. | 11. _Grand_, kouma. Lugo. |Kami. Th. Ro. |Kouwaye, _accroître_. | 12. _Être errant_, guesa _ou_ |Eta, _aller_. Rodrig. gueta, Humb. |Ita, _aller_, _marcher_. Thunb. | 13. _Moi_, hyoha. Lugo. |Misca-ra, _moi-même_. Thunb. | p. 165. | 14. _Toi_, moné. Id. |O-maï, _toi_. Id. | 15. _Il_, _lui_, as. Id. |Aits-ouga, _il_. Rodrig. |Nousi. p. 82. | 16. _Eux_, anabiha. Id. |Anofitats, _eux_. Thunb. | p. 185. | 17. _Et_, _plus_, asaqui. Humb. |Jouki, _et_. Id. | p. 186. | 18. _Pour_, _afin de_, | bora. Humb. |Nose, _pour_. Thunb. | p. 187. | 19. _Sans_, _hors_, sa. Id. |So, _prohibitif_. Rodrig. | p. 134. | 20. _Maison_, gue. Id. |Ni-kaai, _logis_, _étage_. Thunb. |Koja, _cabane_, _nid_. Id. |Giousi-sourok, _habiter_. Id. |Hue (en chin. _maison_, | _caverne_). Id. | 21. _Montagne_, gua. Humb. |Ya-ma, _montagne_ Thunb. |(_V._ Kia-ma). _Terre élevée_. p. 213. |Ta-kai, _haut_. |Takayama, _mont élevé_. | 22. _Digue_, { suna. Humb. |Tsouna, _sable_ et _corde_. Id. _Grand chemin_{ sina. Id. |Tchy, _rue_. Id. _sablé_ | | 23. _Limite des champs cultivés_, | bogota. Id. |Na-baku, _champs cultivés_. Id. | 24. _Entourage_, _clôture_, | bosa. Id. |Bas, _bordure_, _enceinte_. Thunb. | p. 196. | 25. _Récolte_, _semences_, ta. | Id. |Tan-na, _semences_. Thunb. |Ta, _champs cultivés_. Titsingh. |Fi-to-ke, _numérale des récoltes_, | _moissons_. Rodrig. | 26. _Masse fondue et bouillante_, |Fi-macouts, _feu_, fi, _de forge_ fomagota. Id. | macouts. Thung. | 27. _Porte_, kihora. Lugo. |A-kekourou, _ouvrir_. Rodrig. | 28. _Sanctuaire_, _lieu caché_, |Jan-ne, _toit_, _abri_. Thunb. _temple_, chun. Humb. | p. 205. | 29. _Pied_, qhitcha. Id. |Ki _ou_ gui, _marcher_. Id. _Vingt_ offrant l'idée de |Assi, _pied_ (Vr Issa, Itcha). _pieds_, guetta. Id. |Guetta, _soulier_, _sabot_, _lieu du | pied_. Id. | 30. _Tunique_, _indienne_, | _vêtement de dessus_, |Kamisimo, _ou qui couvre le_ capisayo. Id. |_haut_, kami, _et le bas_, simo. |Titsingh. Cette liste de mots identiques, à _Bogota_ et au _Japon_, pourrait sans doute s'étendre encore et se perfectionner, mais elle doit suffire à tout homme judicieux, et le _tableau des hiéroglyphes_, que nous joignons à cette dissertation[45], d'après M. de Paravey, achevera de compléter cette démonstration de l'identité d'origine de ces deux peuples, séparés par d'immenses distances, et que rapprochent aussi leur conformation physique dont il n'a pas encore été question ici. L'un et l'autre ont reçu des colonies arabes ou phéniciennes qui sont venues leur apporter la civilisation; mais ces colonies étaient peu nombreuses, et leur sang pur et noble s'est fondu dans le sang grossier de la race tartare et mongole, qui formait le fond primitif des deux nations[46]. Il en a été, comme dans les _îles de l'Océanie_, où fort souvent, suivant le capitaine d'Urville, se voit le caractère arabe dans ce qui touche au culte ou à la civilisation[47], mais où les traits des Arabes, convertisseurs de ces peuples, se sont plus ou moins altérés. Venus dans ces îles après Mahomet, ces Arabes ont porté l'_islamisme_ dans l'archipel Indien, aussi-bien qu'en Afrique. Mais aux tems reculés de _Salomon_, déjà les flottes d'_Ophir_ et de _Tharsis_ pénétraient dans la mer de _Parvaïm_, ou de l'_orient extrême_; car _Purva_, _Peruva_ est en _sanscrit_ le nom de la plage orientale; de là les noms de _Pérou_ et de _Para_, avec telle ou telle autre terminaison, noms si fréquens dans les anciens noms de pays à l'est de l'Inde et dans les contrées américaines[48]; et _im_, _iam_ est le nom même de la mer en _hébreu_, aussi-bien que dans l'antique langue des hiéroglyphes que conserve la Chine, langue où la mer se nomme _yang_ ou _yam_. Ce furent ces flottes _semi-phéniciennes_ et _juives_, flottes montées par des _Nabathéens_, ou des matelots _ismaélites_ et _arabes_, qui, les premières, portèrent quelque civilisation dans les contrées maritimes des Indes et de la Chine, encore remplies de peuples à demi-barbares, et que de faux systèmes veulent nous donner comme le centre de toute civilisation[49]. De la _Corée_, du _Japon_, des _côtes orientales de la Chine_, dont ils avaient surtout occupé les îles pour s'y fortifier et s'y défendre, comme le firent à _Cadiz_ les _Phéniciens_, comme de nos jours le font encore les Anglais sur toutes les côtes, ces colonies d'hommes audacieux pénétrèrent peu à peu en Amérique, et y apportèrent leur culte grossier des astres, leur civilisation corrompue par un séjour plus ou moins long au milieu de hordes encore anthropophages, telles que _Darius_ les connut dans l'_Inde_, telles qu'_Hérodote_ nous les décrit, telles que les trouvent de nos jours les Anglais dans le _Birman_ et l'_Indo-Chine_, et même dans le _Thibet_. Vouloir comparer ces antiques colonies américaines directement aux peuples d'Arabie ou de Chaldée, ou mieux encore, aux Européens, si modernes en tout, c'était s'exposer à mille erreurs. Il fallait une étude approfondie de la Chine et du Japon, étude qui a manqué à M. de Humboldt, mais qui, entreprise par M. Siébold et M. de Paravey, ne peut que nous promettre les résultats les plus positifs et les plus nouveaux. Ce Mémoire en est déjà une preuve. Toutes ces idées, au reste, sont confirmées par la figure japonaise qui orne la couverture du bel ouvrage que vient de publier en Hollande le résident _Fisscher_, figure dont la position _écrasée_ offre de singuliers rapports avec les divinités monstrueuses que présentent les manuscrits aztèques[50] ou mexicains, et spécialement la pierre du calendrier retrouvée à Mexico. Elles le seraient encore mieux si lord Kingsborough, qui suppose aussi dans ses savans Mémoires d'intimes rapports entre les Hébreux et le Nouveau-Monde, ordonnait enfin la traduction de ces Mémoires utiles, et des autres textes qu'il a joints aux magnifiques gravures de son splendide ouvrage sur l'Amérique antique. Sans cette traduction, qui pourrait se publier in-8º et à peu de frais, ce beau monument restera inaccessible en France, en Italie, en Espagne même, et dans tous les pays ou la langue anglaise n'est pas universellement connue. M. de Paravey la sollicite donc vivement, cette traduction, et il se félicite d'être ainsi un des premiers en France à appeler l'attention et la reconnaissance du public éclairé sur cet admirable ouvrage, que beaucoup de souverains en Europe n'auraient pas eu le courage ni les moyens d'entreprendre, et qui n'a pas empêché son illustre et généreux auteur, de favoriser encore par d'autres publications utiles, l'étude si importante en ce moment des livres précieux conservés dans l'Asie orientale[51]. CARACTÈRES DES CYCLES D'HEURES DES MUYSCAS, DES CHINOIS ET DES JAPONAIS. Dans le tableau joint ici, M. de Paravey est loin de vouloir établir une identité parfaite entre les symboles cursifs du _cycle muyscas_, et ceux des dix premières heures _du cycle chinois et japonais_; mais comme les diverses formes antiques et cursives des caractères horaires chinois, varient elles-mêmes très-notablement pour le même caractère (ainsi qu'on le voit dans la neuvième heure, _chin_), on conçoit que l'identité avec le _muyscas_ est suffisamment prouvée ici, quant aux formes, qui se modifient sans cesse dans une écriture cursive. Les rapports de significations des noms de ces symboles, sont aussi très-remarquables dans la 1re, la 2e, la 5e, la 6e, et même dans la 10e heure, celle où la lune se lève plus ou moins brillante, suivant ses phases diverses. Le hasard, certes, ne peut produire au Japon et dans l'Amérique du Sud, de tels rapports. ----------------------+----------------------------+-------------------- CYCLE DES MUYSCAS. | CYCLE CHINOIS OU JAPONAIS. | VALEURS Humboldt, pl. 1544. |Morrisson, _Dictionn. | DES DIX SYMBOLES | |tonique._ | |du cycle d'heures. Noms |Formes |Formes |Formes |Deguignes, et valeurs.|cursives. |cursives. |complètes. |Morrisson, Paravey. -----+------+---------+----------------+-----------+-------------------- A |_Eaux_, | | [i] Tse. |1º Minuit, ou le | | | |commencement des | | | |heures. I. |Ata, [i] |[i], [i], [i] | [i], [i] |Fils, Petit-fils, | | | |Enfant | | | Tse, Sun. |sorti des eaux. |_grenouille_. |p. 215, p. 267. | [i] [i] |Femme enceinte | | | |portant | | | Yug, Yog. |fils, ou têtard. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- B |Bosa, | [i], [i] | [i] |2º Main fermée, II. |_enclos_. [i] | p. 165. | Tcheou. |Qui contient, | | | |renferme. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- C |Mi_ca_, | | |3º Vénérer, III. |_choisi_, [i] | [i], [i] | [i] |respecter. |_yeux ouverts_. |p. 849, p. 296. | Yo. |Heure de la prière. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- D |Muihi_ca_, [i] | [i], [i] | [i] |4º Portes ouvertes. IV. |_noir_. | p. 154. | Mao. |Heure du lever | | | |du soleil. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- E |His_ca_, | | |5º Conjonction |_noces_, [i] | [i], [i] | [i] |du soleil V. |conjonction |p. 261, p. 201. | Chin. |et de la lune. |de la lune | | | |et du soleil. | | | -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- F |Ta, [i] | [i], [i] | [i] |6º Crochet, houe. VI. |_récolte_. | p. 154. | Sse. |Travaux des champs. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- G |Cuhup_ca_, [i] | [i], [i] | [i] |7º Coupure, scission. VII. |_sourd_. | p. 282. | Gou. |Heure de midi. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- H |Suhuza, [i] | [i] | [i] |8º Arbre touffu. VIII.|_queue_. | p. 278. | Oey. |Heure du dîner à | | | |l'ombre. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- [Greek:| | | | Th] |A_ca_ [i] |[i], [i], [i] | [i] |9º Heure où se IX. |....... | p. 201. | Chin. |lient les gerbes. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- I |Ubchihica, | | |10º Vase à lait. |_lune [i] | [i], [i] | [i] |Portes fermées au X. |brillante_. | p. 258 | Yeou. |coucher du soleil. | | | |Heure du lev. de | | | |la lune. -----+----------------+----------------+-----------+-------------------- [Illustration: _SYSTÈME DU CALENDRIER MEXICAIN_ Gravé sur un Relief en Basalte._ _Annales de Philosophie Chrétienne, tome VII, no. 47._] [Illustration: _Fig. 1 - Fig. 4. Hiéroglyphes Aztèques conservant le souvenir de quatre époques ou catastrophes de la terre._] [Illustration: _Fig. 5._] _Annales de Philos. Chrét. Tom. 10, No. 55. Litho. Desportes, Pont Neuf, 15._ _La femme au Serpent, ou l'Eve des Mexicains._] NOTES DE BAS DE PAGE: [1] Voir le no 15, Tom. III, p. 179 des _Annales_. [2] Inséré dans le no de juin 1829, t. III du _Nouveau Journal Asiatique_. [3] _Bogota_ est en ce moment la capitale de la _république de la Nouvelle-Grenade_, comprenant les départemens de _Cundin-Amarca_, du _Cauca_, de l'_Isthme_, de _Magdalena_ et de _Boyaca_, et fondée en 1831. [4] Tom. II, p. 220 de ses _Vues des Cordillières_, édit. in-8º, an 1816. [5] Tom. V, p. 107 et 572, édit. 1821. [6] Voir _son Essai sur l'origine unique des chiffres et des lettres de tous les peuples_, p. 116.--Voir aussi l'analyse que nous avons donnée de ce savant ouvrage, dans le no 10 des _Annales_, t. II, p. 286. [7] Tom. III, p. 386, 1829, _du Nouveau Journal Asiatique_. [8] Voir la Grammaire de la langue de ce peuple, publiée à Madrid, en 1819, par le père de Lugo, p. 402. [9] Publiée à Paris, par la Société Asiatique, avec un supplément, en 1825 et 1826. [10] Lord _Kingsborough_, fils d'un des lords les plus éminens et les plus riches de la Grande-Bretagne; on sait qu'il a consacré aux planches de cette utile Encyclopédie américaine plusieurs millions, et qu'il y a inséré plusieurs mémoires précieux, restés manuscrits dans les archives de l'Escurial, à Madrid, et composés lors de la découverte de ce monde que l'on appelle à tort _nouveau_. [11] On suppose que dans ce nom de _Sewa_, _wa_ est le nom même du Japon; mais, comme _Se_ ne signifie pas _langue_ en japonais, et que la construction exigerait alors _Wa-se_, le génitif se mettant toujours en avant, on nous permettra de regarder _Sewa_ ou _Seba_ comme un mot simple, et comme le nom de la langue sabéenne. [12] Et même au nord de la Californie, dans le pays de _Cibola_. [13] Thunberg, tom. II, p. 224. [14] Il est à remarquer que le _maïs_, production capitale du nouveau monde, est cultivé chez les Basques des Pyrénées, et forme la base principale de leur nourriture depuis un tems fort reculé. Il serait curieux de rechercher avec précision si cette plante était connue des Basques avant le voyage de Colomb, ainsi que ces peuples le croient. [15] Voir t. III, p. 229, de _l'ancien Journal Asiatique_. [16] Voir p. 15, _Supplément à Rodriguez_. [17] Rodriguez, page 130. [18] Dans le savant _Voyage autour du monde_, de M. le capitaine d'Urville, on le voit en plusieurs endroits signaler l'influence dominatrice et la présence des Arabes dans ces îles de l'Océanie, si bien explorées par lui et par ses savans compagnons. [19] Voir le _Vocabulaire de la langue Mawi_, une des parties de la _Nouvelle-Zélande_. [20] Par les livres conservés en Chine, on peut remonter à l'époque où ces colonies se fondèrent en ce lieu, et M. de Paravey montrera ainsi qu'elles vinrent d'Arabie et de la mer Rouge, dès le tems de Salomon, et avec les flottes d'Ophir, sous le nom de peuple de _Ou_. [21] D'après les manuscrits encore inédits du savant abbé _Lamiot_, lazariste, mort récemment à Macao, après avoir passé plus de 40 ans en Chine et à Pekin, et qui cite dans le Chensy et dans le Sse-Tchouen, des villes où il y a plus de 10 mille et 20 mille _mahométans_. [22] Un seul mot bien choisi peut parfois démontrer l'identité de deux peuples séparés par de longues distances; ainsi, dans l'antique Egypte, le nom de _Pharao_, _Pharaon_, était à-la-fois et celui du _roi_ et celui du _crocodile_, tyran des eaux, et ce même nom se retrouve au Japon avec ces deux acceptions; car on sait que le dragon, on crocodile à quatre griffes, est l'emblême du monarque du Japon, et le nom de ce dragon ou crocodile royal est en japonais _Firio_, simple modification du nom égyptien et arabe _Pharao_. [23] M. de Guignes le père et le P. Gaubil observent que les Chinois confondent souvent les Bouddhistes, les Chrétiens et les Nestoriens. [24] Tom. XXVIII, p. 505, _des mémoires de l'Académie des inscriptions_. [25] Voir le Recueil, an 1831, _des nouvelles Annales des Voyages_. [26] Siébold: DE NIPPON (Jappon).... ou _matériaux pour servir à la description du Japon et des contrées voisines_ (en allemand); fort bel ouvrage grand in-4º avec des planches, chez Merklem, à Paris. Prix, 200 fr. [27] Cette période a été aussi retrouvée en Égypte par M. Champollion, mais dédoublée et sous la forme d'un cycle de trente ans, en usage encore dans l'Archipel indien. [28] M. _Klaproth_ prétend que _zha_ doit ici, et dans _suhuzha_, se prononcer _ja_ ou _cha_; mais la chose est fort douteuse, car les nombres 3, 4, 5, 7, 9 et 10 se terminent évidemment en _ka_ ou _qa_, dur, et le _cha_ ou _ja_ n'en serait qu'un simple adoucissement. Au Pérou, en langue _qquichua_, cette même finale _c_ ou _ca_ se remarque dans: _Huc_--un. _Iscay_--deux. _Qimça_--trois. _Chunca_--dix. _Pachac_--cent. _Huaranca_--mille. Et dans le Caucase aussi, un dialecte a tous ses nombres terminés en _Ba_, autre numérale. [29] _Nouveau Journal Asiatique_, p. 401, t. III. [30] On se rappelle la célèbre inscription de _Saïs_, citée par _Plutarque_ (_de Isid. et Osirid._). Elle offrait un enfant, un vieillard, un épervier, un poisson, un hippopotame, et signifiait: vous qui _entrez_ ou _sortez_ de ce monde (l'enfant et le vieillard), apprenez que _Dieu_ (l'épervier), a en _abomination_ (le poisson), _l'impudence_ ou le mal (l'hippopotame). [31] Voyez le _tableau_ joint à la fin de ce Mémoire. M. de Paravey cite _fike_ pour le nom japonais de la _grenouille_, et comme les changemens de lettres sont fréquens dans cette langue, il est possible que _fite_, _fata_, y aient été le nom du têtard, ou de l'_enfant naissant_, enfant qui ne peut encore, non plus que le _têtard_, se servir de ses jambes. [32] Il serait curieux de rechercher si tous ces noms américains en _Amarca_, _Amerga_, n'ont pas, aussi-bien que celui d'_Améric_ Vespuce, été la cause du nom donné au nouveau continent, _America_ ou _Amarca_. [33] Rodriguez, p. 118. [34] Dans la relation chinoise si curieuse du pays de _Fou-sang_, ou de l'_Amérique_, visitée dès 499 par les _Tartares_ et les _Boukhariens_, le chef suprême est appelé _I-Khi_, analogue à _zaque_ et _cac-ique_, et les chefs inférieurs _touy-lou_, analogue à _tithoua_, titre indiqué ci-dessus. [35] Voir la _Bibliothèque universelle_ d'Herbelot. [36] Rodriguez, p. 124. [37] Rodriguez, p. 177. [38] _Idem._ p. 119. [39] Voir _Thunberg_. [40] _Supplément à Rodrig._, p. 18. [41] Page 85, _Mémoire sur la dynastie des Djogouns du Japon_, publié par M. _Remusat_, ouvrage où M. de _Paravey_ a puisé plusieurs de ses remarques. [42] Supplément à Rodriguez, p. 19. [43] _Thunberg_, in 4º, p. 227, t. II. [44] Le caractère chinois, ou plutôt chaldéen antique, _kiang_, qui signifie _sacrifier_, _offrir_, s'écrit indifféremment avec le symbole _fils_, ou le symbole _agneau_, symbole auquel on ajoute celui du _comble_ ou du _ciel_, c'est-à-dire _Dieu_, et celui de la _bouche_ qui _offre_ ou _présente_ à Dieu. M. de Paravey a déjà comparé cet hiéroglyphe remarquable à l'hébreu _Corban_, dans son _Essai sur l'origine des lettres_. [45] Voir la fin de ce mémoire.--Ces caractères ont été gravée tout exprès pour les _Annales_. [46] Déjà M. _de Humboldt_, dans ses vues des Cordillières, a observé, même sans avoir vu les beaux bas-reliefs de _Palenqué_ (ou se reconnaissent des visages de types arabe et juif), que les monumens américains offrent souvent des figures au nez aquilin et très-marqué, et qui ne peuvent appartenir qu'à la race blanche et caucasique. [47] Ainsi, dans les vocabulaires de M. d'Urville, on voit que _namou_, nom arabe de la _moustique_, et _mata_, tuer, se retrouvent sous les formes _namoc_ et autres, à Madagascar, dans la Nouvelle Zélande et à Tongatabou. [48] Voyez les noms de _Paragoa_ ou _Palawan_, une des îles Philippines; de _Paraguay_, fleuve célèbre; du _Pérou_; de _Puracé_, volcan de la Colombie; de _Perote_ et _Porote_, dans le Mexique; de _Para_, affluent de l'Amazone; de _Purus_, autre affluent; de _Peruaçu_, de _Paracatu_, de _Parana_, embouchure de l'Amazone; de _Paramaribo_, en Guyane; de l'isthme de _Panama_ pour _Parama_, et une foule d'autres. [49] Ici M. de Paravey observe que la _clef chinoise_, ou la base des nombreux caractères qui expriment les _richesses_, les _monnaies_, _vendre_, _acheter_, _commercer_, est celle des _Cauries_ (en chinois _pey_), petites coquilles qui se pêchent dans les îles _Maldives_ peuplées par les Arabes, qui sont usitées dans l'Inde et à Siam encore, aussi-bien qu'en Afrique, et qui seules démontrent l'influence arabe, même dans la Chine antique. [50] Voir cette figure dans la planche qui forme le frontispice de ce Mémoire. [51] C'est à la munificence éclairée de lord Kingsborough, que l'Europe doit la publication de l'excellente grammaire chinoise du P. de Prémare, base de celle de M. Rémusat. --- Provided by LoyalBooks.com ---